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Conjoncture laitière

La Confédération paysanne veut « prévenir les crises, et non pas les gérer »


Politique et syndicats le 26/11/2014 à 17:55
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Craignant un remake de 2009, la Confédération paysanne appelle le ministre de l’Agriculture à défendre bec et ongles un dispositif européen de prévention des crises par une régulation des volumes, en cas de fluctuation trop importante des prix payés aux producteurs.

« Les éleveurs qui ont investi pour augmenter leur production laitière ont été trahis par les industriels ». Pour Laurent Leray, Laurent Pinatel et Yves Sauvaget, tous trois éleveurs laitiers et représentants nationaux de la Confédération paysanne, la demande chinoise en produits laitiers n’est finalement qu’un mirage servant de prétexte aux industriels pour justifier la course aux volumes, à quelques mois de la fin des quotas laitiers. « Les industriels ont réussi à convaincre bon nombre d’éleveurs qu’il fallait faire du volume à tout prix. Ce qui nous intéresse d’abord, c’est de dégager un revenu. »

D’après le service statistique officiel chinois, repris par le syndicat, les importations de poudre de lait entier par l’Empire du milieu ont considérablement chuté en 2014. Elles ont été divisées par six entre janvier et septembre 2014 pour se retrouver à des niveaux inférieurs à 2012 et 2013.

Comme bon nombre d’éleveurs, ceux de la Confédération paysanne s’inquiètent de la baisse des prix qui se profile et craigne un remake de 2009. « L’anticipation de la fin des quotas laitiers à laquelle sont venues s’ajouter les conséquences de l’embargo russe risquent de provoquer une crise extrêmement grave. La baisse des prix a commencé dans certaines laiteries. Et un simple coup d’œil sur nos voisins européens suffit pour comprendre que ce n’est pas fini. »

Les leaders de la CP ne seraient pas surpris de voir les prix payés aux producteurs descendre sous la barre symbolique des 300 €/1.000 l. Et si remake de 2009 il y a, celui-ci sera selon eux beaucoup plus destructeur. « En 2009, ce sont les plus petites exploitations qui ont fait le choix d’arrêter le lait. Demain, ce seront celles qui produisent 400.000 ou 500.000 l par an qui arrêteront. »

Dans ce contexte, la Confédération paysanne rejoint les éleveurs de l’Emb dans leur demande d’une régulation européenne. « Ce ne sont pas des outils de gestion des risques qu’il nous faut, car cela revient à dire qu’on attend que la crise arrive pour la gérer ensuite, explique Laurent Leray. Il nous faut des outils de prévention des risques. Ce n’est pas la même chose ! »

Le syndicat souhaiterait que soit instaurée une fourchette de prix payés aux producteurs, avec l’instauration d’un prix-indicateur maximum. Cette fourchette de prix fluctuerait en fonction de l’évolution des coûts de production. Dès que les prix approcheraient le haut du tunnel de prix, un système de limitation des volumes se mettrait en place. « Cela passerait forcément par des pénalités pour dépassements de volumes ». Autrement dit, il s’agirait d’un dispositif existant pendant les quotas sans les quotas.

Pour obtenir ce dispositif, « l’intervention des pouvoirs publics est indispensable ». « Or, avec la contractualisation, ces derniers ont totalement privatisé la politique laitière, dont les industriels ont désormais toutes les cartes en main ».

Réagissant à la signature d’un Pacte laitier initié par la Fnpl par le ministre de l’Agriculture, la Confédération paysanne estime qu’il ne s’agit que « de l’esbroufe ». « Demander une bonne conduite de la part des industriels et Gms, et mettre en place des outils d’accompagnement des éleveurs, ça ne fait pas une politique de prévention des risques dans la filière laitière », commente Laurent Pinatel. « Ce pacte laitier est un aveu d’impuissance. »

Les leaders du syndicat doivent justement rencontrer Stéphane Le Foll lundi 1er décembre. « Car c’est lui qu’il faut convaincre de mettre en place une régulation des volumes, pour qu’il défende cette idée à Bruxelles. » La Confédération paysanne compte aussi relayer ses idées en organisant prochainement une série de réunions d’information dans les cantons.