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PAC et Farm Bill 2014: des politiques agricoles aux mécanismes diamétralement opposés


AAF - Jean-Paul Charvet le 25/01/2015 à 12:17
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L’année 2014 aura été marquée par la quasi simultanéité des réformes des politiques agricoles de deux des « poids lourds » de l’agriculture mondiale : les Etats-Unis et l’Union européenne.

La séance publique de l’Académie organisée par la section 10 le 8 octobre dernier (cf.le site de l’Académie) a montré que si le développement des exportations demeure une option forte de la politique agricole américaine,il n’en va pas de même pour la politique agricole européenne. D’où des modalités de soutien diamétralement opposées.

Alors que les aides directes découplées de la production constituent toujours l’essentiel des aides de la PAC (au niveau de 38 milliards d’euros par an sur un budget de 54 milliards d’euros), aux Etats-Unis, les aides découplées de 5 milliards de dollars par an qui avaient été mises en place par le Farm Bill de 1996, en harmonie avec les recommandations et la philosophie de l’OMC, ont été supprimées en 2014. Dans le même temps ont été mis en place et développés des systèmes d’aides couplées fondés sur des systèmes assuranciels – largement subventionnés par l’Etat fédéral – qui apparaissent d’une réelle complexité et qui portent sur des garanties de prix ou de chiffres d’affaires.

Une autre originalité du nouveau Farm Bill réside dans le renforcement du lien établi de longue date entre politique agricole et politique alimentaire. Cette dernière absorbera les ¾ des dépenses programmées dans le cadre du Farm Bill de 2014 (soit 80 milliards de dollars par an) : 46 millions d’américains officiellement considérés comme « pauvres » (étudiants et immigrés sans papiers étant exclus de cette liste) bénéficient de cette aide alimentaire intérieure qui profite indirectement aux agriculteurs, mais aussi … à l’ensemble de l’industrie et de la distribution agroalimentaires américaines. Une disposition nouvelle, dotée d’un budget de 20 milliards de dollars par an, incite toutefois les bénéficiaires de cette aide à acheter davantage des fruits et légumes au travers de circuits courts et de petits producteurs locaux.

Un point commun apparaît malgré tout entre les deux politiques agricoles mises en place en 2014 de part et d’autre de l’Atlantique : déjà complexes, elles le deviennent de plus en plus. Cette complexité croissante (excessive ?) va de pair avec une financiarisation toujours plus importante des activités de production agricole. Parmi les métiers du tertiaire agricole qui ont de bonnes chances de se développer à l’avenir figurent en bonne place ceux de conseil en optimisation des aides …

Retrouvez l’intégralité de La lettre de l’Académie d’agriculture n°26.