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Pollinisateurs

La malnutrition et le parasitisme responsables de la surmortalité des abeilles


Grandes cultures le 04/08/2015 à 12:19

Selon une étude publiée par l’académie américaine des Sciences (Nas), le manque de ressources en pollen et nectar dans l’environnement et la présence de parasites poussent les jeunes abeilles à sortir de la ruche prématurément pour aller butiner. Cela expliquerait le déclin des abeilles au niveau mondial.

Les pesticides sont souvent mis en cause dans la mortalité des abeilles. Or les facteurs sont nombreux : pathologies, virus, parasites, manque de biodiversité, mauvaises pratiques agricoles et apicoles (acaricides et pesticides)… La question de l’environnement des abeilles, leur habitat et leur ressource alimentaire reste sous-estimée par les politiques publiques. Toutefois, les publications sont de plus en plus nombreuses à confirmer l’impact de la qualité de l’alimentation des abeilles sur leur santé.

« Tout le monde parle de l’importance de la biodiversité. Il faut maintenant passer de la parole aux actes », explique Philippe Lecompte, apiculteur bio et président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles. « Sans fleurs, pas de pollen, pas de nectar. Conséquence de cette malnutrition : mortalité des abeilles et pénurie de miel ; déclin inexorable de la colonie, de l’exploitation apicole et du service de pollinisation », ajoute-t-il.

Dans les ruches, la présence d’agents pathogènes aggrave les difficultés liées à la malnutrition. Nosema ceranae, l’un des parasites des abeilles, prend le contrôle de la paroi intestinale et des cellules souches la composant en troublant la défense immunitaire de l’abeille. Il a également un rôle de perturbateur endocrinien sur la colonie en se surajoutant à d’autres perturbateurs issus du bol alimentaire. Ces deux facteurs en synergie fragilisent l’organisation sociale à l’intérieur de la colonie. Le rôle de Nosema ceranae dans les phénomènes de dépérissement des abeilles a été démontré par le Laboratoire de pathologies apicoles de Marchamalo en Espagne.

Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles lance donc un appel aux pouvoirs publics, agriculteurs, collectivités territoriales, jardiniers et amateurs. L’implantation d’une jachère apicole par exemple permet la constitution de réserves de pollen et de nectar. « La gravité de la crise que rencontre la filière apicole française impose une réaction immédiate à laquelle le Réseau Biodiversité pour les Abeilles est bien entendu prêt à s’associer », conclut Philippe Lecompte.