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Fréquence et intervalle de traite

+ 3 kg de lait par vache avec trois traites par jour


Alimentation et fourrages le 28/08/2015 à 18:20
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Plus de lait par vache, moins de problèmes de santé... Sur le papier, la traite trois fois par jour présente des atouts. Peu fréquente dans les fermes familiales françaises, c’est une pratique courante à l’étranger. Traire toutes les 8 heures est un moyen simple d’augmenter instantanément sa production, sans modifier la taille du troupeau ou investir dans des bâtiments, mais gare aux charges opérationnelles supplémentaires.

En France, traire trois fois par jour n’est pas une technique très répandue. À l’inverse, de l’Allemagne ou des Etats-Unis. En 2003 déjà, 26,7 % des fermes membres de la « National Dairy Herd Information Association » y avaient recours. Dans l’État de New York, le tiers des fermes laitières est à trois traites, tandis qu’au Colorado, la proportion atteint 92 %.

Pourquoi un tel écart ? Sans doute faut-il trouver des explications dans la taille même des exploitations françaises, plus petites, et disposant donc de moins de main d’œuvre.

À court terme, la fréquence de traite et l’alimentation sont les deux facteurs qui influencent le plus les performances laitières et la composition du lait. La première conséquence du passage de 2 à 3 traites par jour, et non des moindres, est donc l’augmentation de la production, en moyenne de + 3 à + 3,5 kg de lait/vache/jour : une étude réalisée au Québec et en Ontario sur 71 fermes laitières de grande taille montre que la hausse de la production atteint en moyenne 14,5 %. La société DeLaval annonce pour sa part des progressions variant de + 5 % à + 25 %. Cet accroissement de production doit évidemment s’accompagner d’un réajustement des rations (+ 7 % de concentrés/vache en moyenne) pour rééquilibrer l’apport énergétique en conséquence. Du côté de la qualité du lait, cela se traduit également par une légère augmentation de la matière grasse et protéique totale, mais la hausse des volumes entraîne par effet de dilution une baisse du TB et du TP.

Mieux, une étude américaine réalisée en 1995 (Erdman et coll.) a même montré que cette augmentation de la fréquence améliorait la santé de la mamelle, abaissait la numération des cellules somatiques et réduisait les taux de mammite (baisse de la pression mammaire, augmentation de la fréquence d’élimination des mauvaises bactéries, stimulation de la circulation sanguine…).

Lely a également commandité des recherches afin de déterminer de quelle manière l’intervalle des traites agissait sur le comptage de leucocytes et la teneur en protéines du lait. « Les conclusions de ces recherches ont mis en relief une corrélation positive entre la hausse de la fréquence des traites et la production laitière quotidienne. Pour les primipares, l’augmentation de l’intervalle entre chaque traite se traduit par une chute significative des performances laitières. Pour les vaches multipares, l’impact est nettement plus faible. Il est donc primordial d’augmenter le nombre de traites quotidiennes des primipares », résume l’entreprise dans sa synthèse. En effet, à cause du volume de leur mamelle encore peu développé, les primipares valorisent mieux les trois ou quatre traites par jour possibles au robot.

Il n’est pas nécessaire d’augmenter ou de diminuer la fréquence de traite chez tous les animaux du troupeau en même temps : on peut soit se concentrer sur l’accroissement de la production chez des vaches en début de lactation, soit réduire la fréquence de traite chez un groupe de vaches ayant fait l’objet d’une sélection génétique axée sur une forte capacité de la citerne du pis, ce qui permet de retarder passablement la traite. Mais quel que soit l’objectif de production poursuivi, c’est dans les 21 premiers jours de la lactation que la modification de la fréquence de traite a le plus de répercussions. C’est pour cela que les constructeurs de robots préconisent souvent de traire 3 voire 4 fois sur 24h en début de lactation afin d’exprimer pleinement le pic de lactation. De fait, l’accroissement du nombre de traites quotidiennes influence tout particulièrement les primipares.

Dans tous les cas, passer de 2 à 3 traites par jour n’est pas un but à atteindre, surtout lorsque le temps de travail supplémentaire n’est pas couvert par le prix du lait. Cela reste d’abord un outil de gestion, à raisonner, selon la situation de l’élevage pour augmenter la production, ou bien chercher à réduire son cheptel. Au regard des bénéfices (+ 3 kg/VL/j, baisse du comptage cellulaire), il faut donc regarder de près les charges supplémentaires : l’astreinte et le temps de traite, l’électricité, les produits de trempage, l’augmentation du coût alimentaire, la baisse des taux, etc.

L’éleveur doit toutefois garder un principe en tête : pour ne pas déstabiliser le troupeau, il devra s’y tenir au moins pendant six mois. Et à l’inverse, anticiper un retour à deux traites (baisse de la production, problèmes de cellules…).