Accéder au contenu principal
Broutards, veaux laitiers, réformes

Les marchés de la viande bovine bouleversés par la FCO


Alimentation et fourrages le 22/10/2015 à 17:20
i-5107

Les éleveurs constatent avec impuissance l'érosion des cours que ce soit dans les zones réglementées par la FCO ou non. Dans celle soumise à la réglementation FCO, les éleveurs allaitants comme les laitiers éprouvent des difficultés à écouler leurs mâles. La réunification des zones devrait donner un peu d’air dans les jours à venir.

« Dans un contexte économique toujours très compliqué, les éleveurs en ont « ras-le-bol » du manque de considération que les industriels apportent à leurs produits » peut-on lire sur l’observatoire des marchés de la viande de Web-agri. « La demande se replie à l’approche de la Toussaint, et de l’arrivée des taxes automnales, voire des fortes intempéries qui ont frappé le sud du pays ces derniers temps. On peut bien créer de beaux slogans pour mettre en valeur le savoir-faire de l’élevage français, mais quand la ménagère n’a plus le budget, elle n’achète plus. De leur côté, les industriels gardent la main sur les prix face à des disponibilités suffisantes. Les éleveurs constatent avec impuissance l’érosion des cours avec un certain dégoût et des envies de reconversion pour un certain nombre. Les cessations d’activité sont nombreuses et si les coopératives ou autres fournisseurs ne jouaient pas le rôle de banquier, l’hémorragie serait certainement plus grave. La crise FCO ne fait qu’empirer les choses dans le centre du pays avec des trésoreries à sec, faute de pouvoir commercialiser les broutards. »

« Sur les marchés en vif, l’activité commerciale reste tendue à une période de mutation traditionnelle de consommation. Les ventes de pièces à griller sont sérieusement revues à la baisse alors que les températures restent encore assez douces pour réorienter les ventes vers une viande plus hivernale à bouillir. Quant aux viandes hachées qui gardent la faveur des consommateurs, le début des vacances d’automne engendre une demande moins soutenue. Ce repli, dans un contexte d’offre européenne très forte, a un impact fortement négatif sur le bétail vif. »

« Dans le domaine des viandes haut de gamme, même si l’ambiance n’est pas au beau fixe, les tarifs se maintiennent face à un débouché de niche. La tendance se durcit de semaine en semaine dans les Blondes d’Aquitaine, qui doivent faire face à une hausse de la production dans les Pays de la Loire. Cette suroffre couvre largement une demande contenue, ce qui entraîne un sérieux tassement des prix notamment dans les animaux de moins de 400 kg de carcasse (les lourdes sont également touchées). »

« La réunification des zones de surveillance, protection et interdite en une seule zone réglementée FCO devrait donner de l’air aux mouvements dans le bétail maigre. Le climat commercial dans la viande ne peut que contenir les engraisseurs. Les achats se font sur les bases tarifaires de la viande et si les animaux de gabarit ou bien conformés gardent la faveur des engraisseurs, le tri se montre beaucoup plus sévère dans le bétail ordinaire ou de second choix. »

« De nombreux broutards sont vaccinés et devraient pouvoir prétendre à être exportés vers l’Italie 10 jours après le rappel, dès que les accords seront finalisés et signés. Toujours pas de nouvelle du côté de la Turquie. Les mouvements vers l’Espagne sont quant à eux déjà définis avec un rappel + 10 jours. Les broutards s’accumulent dans les stabulations et de nombreux éleveurs attendant leurs départs pour pouvoir rentrer les vaches à l’abri. »

Les exportations françaises de bovins maigres sur les huit premiers mois de 2015 étaient pourtant en progression de + 12 % par rapport à 2014, principalement grâce aux achats turcs (62 000 têtes), mais tirées aussi par des envois en hausse vers l’Italie (+ 2 %/2014). Cette évolution s’est stoppée net mi-septembre avec les découvertes successives de cas de FCO sérotype 8.

« Sur les zones indemnes, les transactions demeurent régulières avec des volumes en repli face à une crainte moins présente d’une extension du zonage FCO sur le grand Ouest. Les exportateurs restent présents sur les marchés et s’ils ne trouvent pas de mâles lourds comme dans le centre du pays, ils se rabattent sur la bonne marchandise de plus de 250 kg à 350 kg. Le commerce est calme avec des tarifs stables dans les légers ou les sujets de moyenne conformation (croisés laitiers). Dans les femelles, les transactions sont régulières pour les bonnes laitonnes à exporter ou à conserver. Les tarifs sont stables dans les ordinaires. »

Le nombre de places disponibles dans les ateliers de veaux de boucherie reste insuffisant (avec les vides sanitaires) pour absorber des vêlages encore assez abondants. La situation reste extrêmement compliquée dans la zone interdite, où les éleveurs laitiers se retrouvent avec des veaux sur les bras. Les tarifs restent malmenés dans les veaux holsteins ou normands d’engraissement avec une majorité de veaux en dessous de 100 €. Après un palier entre août et mi-septembre, la cotation du mâle laitier de 45-50 kg à repris sa chute saisonnière, de 27 € en un mois. Ramenée à 63 €/tête, elle retrouve à fin septembre les niveaux des deux années précédentes.

Selon FranceAgriMer, les principaux marchés en vif n’ont commercialisé que 3 200 veaux en semaine 40, contre 4 500 en semaine 38, alors même que le troupeau laitier atteint son pic des vêlages. Pour le moment, l’impact de la FCO sur le marché des veaux de la zone indemne est limité. Les intégrateurs de veaux gras dont la demande est peu adaptable ne signalent pas de difficultés majeures d’approvisionnement.

En outre, traditionnellement, l’excédent de veaux au pic des vêlages est partiellement absorbé par l’export vers l’Espagne qui achète chaque année entre 35 et 40 000 veaux français sur les mois de septembre et octobre. Suite à un accord signé le 2 octobre, les veaux issus des zones réglementées FCO ne sont admis sur le territoire espagnol qu’après désinsectisation et PCR négative, ce qui engendre un surcoût conséquent de 20 à 40 € par veau.

Les réformes laitières restent dynamiques en France. Selon les données Normabev, les abattages de vaches laitières en septembre étaient en hausse de 7 % par rapport à un niveau déjà élevé en 2014.

Le cheptel laitier a entamé une phase de décapitalisation : le nombre de vaches laitières présentes au 1er septembre en BDNI était en baisse de 1,1 % sur un an (soit – 40 000 têtes). Toutefois, les génisses restent nombreuses (+ 36 000 femelles laitières âgées de 18 à 30 mois), ce qui permettra aux éleveurs de continuer à faire du tri dans leurs troupeaux.

N.B : Sources : d’après Acti-Ouest et la lettre de conjoncture Tendances d’octobre 2015 (CNE – Idele)