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Elections des 6 et 13 décembre

Ces agriculteurs qui se lancent dans les Régionales


Politique et syndicats le 27/11/2015 à 14:20
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Avec la réforme territoriale, les régions disposeront d’un poids plus important dans les orientations politiques. Quelques agriculteurs ont choisi de se lancer dans la course aux élections régionales, organisées les 6 et 13 décembre 2015. Daniel Prieur, Jean-Louis Cazaubon et Raymond Vial en font partie. Quelles que soient leur région et leurs affinités politiques, ils ont tous trois un objectif premier semblable : défendre la place de l’agriculture dans les nombreuses orientations et initiatives qui relèveront des régions.

Ils sont tous les trois rompus à l’exercice des responsabilités. Daniel Prieur, Jean-Louis Cazaubon et Raymond Vial sont bien connus du milieu agricole de leur région et des instances nationales puisqu’ils sont présidents de la Chambre d’agriculture de leur département. Tous trois ont décidé, pour la première fois, de se lancer dans une élection. Celle des Régionales pour lesquelles les électeurs sont appelés à voter les 6 et 13 décembre 2015.

Ils ne sont pas inscrits sur des listes de la même tendance politique, l’un est inscrit sur une liste d’union de la Gauche, les deux autres sur des listes d’union de la Droite. Mais, en tant qu’agriculteurs, ils ont le même objectif : défendre la place de l’agriculture dans des régions, voire super-régions, qui auront, dès le 1er janvier 2016, un rôle accru dans les orientations politiques.

« Je n’ai jamais été encarté politiquement », témoigne Jean-Louis Cazaubon, éleveur près de Lourdes, président de la Chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées et candidat pour la super-région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. « Arrivant en fin de mandat professionnel, j’ai accepté la sollicitation que l’on m’a faite pour figurer sur la liste d’union de la Gauche. J’y suis au titre de la société civile. »

« C’est primordial que les agriculteurs soient présents dans ces conseils régionaux », insiste-t-il. La grande région sera plus grande, en surface, qu’un pays comme l’Irlande. Les deux grandes métropoles – Toulouse et Montpellier – et quelques villes secondaires vont concentrer la moitié des élus.

Mêmes arguments pour Daniel Prieur, éleveur du Doubs, président de la Chambre d’agriculture du département et secrétaire général adjoint de la FNSEA. « L’agriculture est très importante dans cette grande région Bourgogne-Franche-Comté, mais je crains qu’elle ne soit pas assez mise en avant. Mon engagement consiste à mettre en valeur ce que j’appelle une alliance des excellences agricoles des deux régions d’origine : les filières céréalières, les appellations viticoles et fromagères, le berceau du Charolais et la race montbéliarde, etc. » S’il est élu, avec la liste LR/UDI menée par François Sauvadet, il compte mettre à profit son expérience professionnelle pour conseiller ce dernier sur les orientations agricoles régionales.

Raymond Vial, lui, est candidat sur la liste LR/UDI/Modem conduite par Laurent Wauquiez, « pour défendre des orientations différentes que celles qui ont été menées par le Conseil régional de Jean-Jacques Queyranne (PS), allié aux Verts ». « L’alliance avec les écologistes a fortement pénalisé l’agriculture régionale. »

Tous les trois en sont convaincus : il faut absolument défendre l’agriculture dans les nouvelles régions. Des régions qui seront gestionnaires des soutiens européens du second pilier de la Pac. « Le premier dossier à travailler c’est la défense, à Bruxelles, des zones défavorisées simples et des zones de piémont dans le cadre des aides communautaires. Les aides pour ces zones ont permis de maintenir une agriculture dynamique. Ces aides ne doivent pas être remises en cause car elles sont très structurantes », martèle Daniel Prieur.

L’éleveur veut se pencher le plus tôt possible sur la prochaine réforme de la Pac, et défend une nouvelle organisation des échanges avec les instances européennes. « Si on ne veut pas que le secteur agricole soit relégué dans le dernier bureau au fond du couloir, il faut que nous puissions négocier directement nos revendications à Bruxelles, sans passer par une direction régionale de l’agriculture. » Dans cet objectif, le candidat du Doubs souhaite que l’association des régions de France soit « musclée » pour qu’elle soutienne davantage les propositions des élus.

Dans chacune de leurs trois super-régions, les candidats agriculteurs veulent aussi booster la logique de territoire régional dans la production et la distribution de produits agricoles.

« Il faut mettre des moyens financiers pour soutenir toutes les filières, qu’elles soient longues ou courtes, pour l’agriculture de production qui fournit l’aval et qui est pourvoyeuse d’emplois, pour l’agriculture à plus forte valeur ajoutée, mais aussi pour l’agriculture qui permet d’entretenir nos territoires en zone de montagne notamment, argumente Jean-Louis Cazaubon. La mise en place de cette grande région doit être l’occasion de réorganiser certains circuits de distribution. 80 % de la viande consommée à Toulouse ne vient pas de la région. Cela n’est pas normal. Il y a des synergies à trouver. »

Même problématique en Auvergne-Rhône-Alpes : « Moins de 15 % des produits servis dans les cantines des lycées de la région sont issus de l’agriculture régionale. Il y a un vrai problème », poursuit Raymond Vial. « Nos élus n’ont pas eu le courage d’affronter les recteurs d’académie, qui ont le pouvoir sur la gestion des lycées. »