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Nouvelles technos et interconnexion

Demain, y aura-t-il encore un pilote dans le tracteur ?


Innovations et machinisme le 21/12/2015 à 07:20
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Il y a 15 ans, l’électronique embarquée arrivait dans les tracteurs. Et l’e-mail remplaçait progressivement le fax. Mais ce n’était que le début. Aujourd’hui, grâce à la généralisation des terminaux Isobus, les tracteurs et les outils communiquent entre eux. Là aussi, ce n’est qu’un début ! D’ici quelques années, y aura-t-il encore quelqu’un au volant ?

Faire communiquer un modèle de croissance du blé avec le semoir à engrais, ou envoyer à ses chauffeurs des ordres de travaux par smartphone : vous pensez que c’est de la science-fiction, détrompez-vous, la technologie en est là.

« Nous travaillons sur un projet de détection des adventices à partir d’imagerie aérienne. La carte d’infestation pourrait se transformer en carte de pulvérisation pour piloter la localisation du produit. », déclarait Christelle Gee de l’UMR agro-écologie de l’Inra en février dernier.

Via la localisation de l’engrais et des phytos et les évolutions des matériels, la console Isa360 d’Isagri assure le guidage, la coupure de tronçons, la modulation de dose… « Le logiciel de gestion parcellaire Geofolia simplifie le travail grâce à l’automatisation des échanges de données entre outils, explique Cécilia Goret, chef de marché productions végétales. Une seule saisie suffit, au bureau dans le logiciel de gestion parcellaire ou sur la console du tracteur. Les informations peuvent être retrouvées et utilisées quel que soit l’endroit où l’on se trouve. »

Avec Myjohndeere.com, les engins sont connectés bien sûr, les opérateurs et les parcelles aussi. Myjohndeere.com est une plateforme web permettant de se connecter depuis les PC, smartphones et tablettes. Après les paramétrages initiaux, il est possible de consulter gratuitement des informations de base sur ses matériels par l’intermédiaire du centre des opérations de John Deere.

Et grâce à la télémétrie JD link, l’agriculteur peut suivre ses machines en temps réel et connaître à tout moment leur position, le niveau de carburant, la vitesse d’avancement… Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez connecter vos salariés pour leur transmettre des directives et des consignes directement sur leur smartphone. Dans quelques mois, vous aurez accès à la navigation routière entre parcelles, qui prend en compte la hauteur des ponts par exemple pour éviter d’être bloqué avec un convoi agricole.

Primé à l’Agritechnica 2015 par deux médailles d’or, le concept FarmSight de JohnDeere propose des solutions d’interconnexion en intégrant différents partenaires dans la normalisation des protocoles d’échange de données. À partir de l’historique des parcelles, des analyses de sol, de l’imagerie satellitaire ou optique, des conseils d’application de produits, émanant de divers modèles, peuvent être compilés. Ainsi, les apports d’engrais organiques ou minéraux sont gérés avec le Connected Nutrient Manager et ceux de phytos avec le Connected Crop Protection. La carte de rendement devient alors un bon outil pour observer les résultats agronomiques de l’année et réajuster l’itinéraire technique à la campagne suivante.

Parmi les autres fonctionnalités : le transfert d’informations, provenant de plusieurs prestataires, vers les outils et les tracteurs auxquels ils sont attelés et l’enregistrement des interventions réalisées sur une parcelle afin d’améliorer les pratiques culturales et la traçabilité.

Créée en septembre 2014, la plateforme Myjohndeere.com regroupe déjà plus de 10 000 comptes d’utilisateurs. En prévision du développement rapide de ce service, John Deere vient de déplacer ses serveurs sur le territoire européen, se soumettant ainsi aux règles de bonnes pratiques sur la propriété des données. Celles-ci appartiennent en effet aux agriculteurs et ne peuvent pas être utilisées par John Deere, sauf pour rendre service aux utilisateurs. « Elles peuvent être partagées avec les concessionnaires, les entrepreneurs, les clients pour les ETA ou même les voisins. Les producteurs définissent qui peut intervenir sur une parcelle ou utiliser un matériel, et qui peut seulement voir les actions effectuées », précise Solenne Bourgeois de Myjohndeere.com (product marketing manager off board solutions chez John Deere). Elle ajoute : « Avec l’essor du travail à façon, cette technologie permet de savoir en temps réel qui fait quoi sur l’exploitation. »

Consulter la météo quotidienne et demain, les données issues de stations météo dédiées au secteur agricole, surveiller en temps réel les marchés à terme, avec la possibilité de prendre ou lever des options depuis votre téléphone mobile, contrôler et régler le pivot d’irrigation… l’agriculture connectée n’a pas fini de se développer. Malgré des gains de productivité réels, on peut s’interroger sur la place de l’humain. Dans quelques années, aura-t-on encore besoin de l’homme pour certaines tâches agricoles ? Voire pour conduire un tracteur ? Carré a présenté en avant-première au Sima 2015 son robot de désherbage mécanique Anatis. Neuf mois plus tard, à l’Agritechnica, Dutch Power Company lance un tracteur robot de 100 ch, baptisé Greenbot, avec relevage, prise de force et coupleur push pull hydraulique. Une fois le contour de la parcelle délimité, ce Greenbot travaille tout seul dans le champ ! Prix annoncé : 150 000 €.

Rassurez-vous, il faudra toujours quelqu’un pour recevoir les demandes du robot par SMS, résoudre les problèmes techniques, faire le plein de gasoil, transporter le matériel jusqu’à la parcelle. Et pour prendre des décisions sur la gestion de l’exploitation en disposant d’informations plus nombreuses et précises, de meilleurs modèles…

Bref, en étant plus connecté !