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Agronumericus, internet est dans le pré

Hervé Pillaud : «  Agriculteurs, appropriez-vous les outils numériques ! »


Innovations et machinisme le 22/03/2016 à 18:25
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Auteur de "Agronumericus, l’internet est dans le pré", Hervé Pillaud, éleveur vendéen et féru de nouvelles technologies, invite les agriculteurs à s’approprier au plus vite les outils numériques pour leur métier. Sans quoi les producteurs ne maîtriseront plus totalement la gestion de leur exploitation.

« Le numérique est en train d’entrer dans notre vie et notre métier. Mais en fait, ce sont les agriculteurs qui doivent entrer pleinement dans l’ère numérique pour en exploiter toutes les fonctionnalités. » Eleveur vendéen, président de l’association Vendée RS (ndlr, RS pour Réseaux sociaux), président du groupe Etablières et secrétaire général de la Chambre d’agriculture de Vendée, Hervé Pillaud est aussi féru de numérique. A tel point qu’il est l’auteur de Agronumericus, l’internet est dans le pré, sorti à l’automne 2015.

Dans cet ouvrage, l’éleveur explique notamment pourquoi il est indispensable que les agriculteurs s’approprient eux-mêmes les outils numériques pour leur métier d’agriculteur. « Il faut maîtriser les outils numériques pour continuer à maîtriser nos exploitations, et non pas subir en se laissant orienter par ce que proposent et proposeront nos fournisseurs. »

A titre d’exemple, Monsanto a investi 930 M$ pour racheter Climate Corp. Cette société d’analyse et de gestion des risques permet notamment d’alerter les agriculteurs sur les dates optimales de semis en fonction du climat et des variétés choisies. « C’est un outil d’aide à la décision confortable, mais l’agriculteur, dans ces conditions, ne maîtrise pas complètement ses choix » commente l’agriculteur. « Devons-nous être de simples utilisateurs de ces outils ? »

Sur le terrain, les agriculteurs s’approprient de plus en plus les solutions numériques proposées par leurs fournisseurs. « Les agriculteurs, et moi le premier, sommes très contents de nos robots de traite et des applications que nous tirons des drones. » Derrière ces solutions, il y a le fameux « big data », thème abordé depuis plusieurs mois dans bon nombre de conférences, débats et colloques agricoles. « Le big data, c’est comme un puzzle. Chaque exploitation contient un nombre assez réduit d’informations et constitue une seule pièce d’un puzzle. Mais c’est à nous, agriculteurs, de constituer collectivement l’ensemble du puzzle pour pouvoir exploiter à bon escient une agglomération de données très intéressantes. »

En France, Invivo ne s’y trompe pas : le groupe coopératif veut devenir dans les prochaines années un leader du « big data » et souhaite collecter un très grand nombre de données, pour mieux les valoriser. Comme le font Invivo ou Monsanto et sa filiale, la possession et l’exploitation de données climatiques, agronomiques, économiques ou techniques constituent déjà un enjeu économique majeur à travers les services proposés aux agriculteurs.

Reste que le « big data » est encore « une nébuleuse qui fait peur ». Une peur entretenue, selon Hervé Pillaud, par l’absence d’encadrement juridique. « La révolution française a généré notre code civil. La révolution industrielle a généré le code du travail. La révolution numérique doit encore générer son propre code. »

L’éleveur ne veut pas attendre une réglementation claire pour s’approprier le numérique. Et appelle les organisations professionnelles à se pencher sur le sujet.