Accéder au contenu principal
Obione lance la démarche « Happy »

Lionel Reisdorffer : « des éleveurs heureux, ça existe et on veut les montrer »


Alimentation et fourrages le 24/03/2016 à 12:25
i-5692

L’entreprise Obione, aidée par des vétérinaires de toute la France, s’est mise en quête d'éleveurs heureux ! L’objectif de la démarche « Happy » est de montrer ce qui fonctionne bien dans certains élevages laitiers. Et pourquoi pas un jour de commercialiser des produits laitiers étiquetés « Happy, bien plus que du lait ».

Quel est votre taux de mortalité des veaux ? Comment leur donnez-vous le colostrum ? Quel est votre taux cellulaire ? Votre nombre de vaches boiteuses ? Combien avez-vous eu de fièvre de lait ? Prenez-vous des jours de congés ?… Au total, plus de 400 questions sont posées et l’ensemble du troupeau est passé en revue durant l’audit d’élevage gratuit élaboré par Obione, une entreprise spécialisée dans les compléments nutritionnels distribués par les vétérinaires. Cette démarche nommée « Happy » (« heureux » pour les moins initiés à la langue de Shakespeare) vise à repérer des élevages laitiers performants, sans soucis de santé, avec des éleveurs sereins et bien dans leurs bottes. Si l’élevage parvient à passer un certain nombre de critères, la ferme est déclarée « Happy » pour une durée d’un an. Avec « Happy », Obione souhaite ainsi remettre le bonheur des éleveurs et des vétérinaires au centre de la performance des élevages.

« On butte toujours un peu sur le mot bonheur, surtout dans cette période tourmentée, mais croyez-moi le bonheur c’est aussi une notion que l’on rencontre en élevage. Il y a des vaches heureuses, soignées par des éleveurs heureux et des vétérinaires heureux ! Car contrairement à ce que l’on pourrait suggérer lorsque les éleveurs sont heureux, les vétos le sont aussi » assure Lionel Reisdorffer, président fondateur d’Obione.

Accompagnée pour le moment par huit « Happy Vet » en France, la démarche Happy a permis d’identifier une quarantaine d' »Happy farmers ». Avec la volonté d’atteindre une vingtaine de vétérinaires référents et 200 élevages d’ici la fin de l’année.

Roland Van Unen, vétérinaire dans la Loire, a décelé quelques éleveurs « Happy » dans sa clientèle : « les éleveurs sereins techniquement ont une grosse marge de résilience face à la crise laitière. Ce sont souvent de bons gestionnaires qui subissent moins, qui ont plus de temps pour eux, et qui savent faire le dos rond face la conjoncture. »

Les élevages « labellisés Happy » s’engagent aussi à communiquer, à montrer à d’autres éleveurs les « petits trucs et astuces » qui fonctionnent bien chez eux, et ainsi de progresser ensemble par l’exemple et l’échange. « En tant qu’éleveurs, notre but est de miser sur le préventif pour éviter les problèmes sanitaires, les frais de véto et le temps perdu. En misant sur la prévention, le véto vient sur rendez-vous et plus uniquement pour les urgences », complète un éleveur « Happy ». « C’est aussi une démarche qui nous permet d’arriver à sortir de la spirale négative, à aller de l’avant et à renverser la morosité. L’échange entre éleveurs en fait partie. » Certains vont même jusqu’à organiser des réunions intitulées « barbecue, saucisses et colostrum » !

Pour Lionel Reisdorffer d’Obione : « quand ça ne va pas dans un élevage, c’est en premier lieu que les bâtiments ne vont pas et que l’alimentation est perfectible. Mais on sous-estime trop souvent l’impact du bâtiment sur la production laitière, du confort de couchage, du réglage des logettes, de l’accès aux abreuvoirs. Lors de nos visites, j’estime qu’environ 70 % des abreuvoirs ne sont pas bons, soit il n’y en a qu’un seul, ou le linéaire est insuffisant, le débit aussi, ils ne sont pas toujours propres,…

Lorsqu’un élevage ne fonctionne pas bien, c’est généralement que les basiques ont été négligés. Il y a souvent du boulot à faire sur l’abreuvement et généralement les éleveurs en ont conscience. Idem pour le logement des veaux et surtout l’application lors de la première buvée d’au moins 3,5 litres de colostrum à la sonde. C’est une technique qui a largement fait ses preuves. » Le bonheur des vaches peut tenir à de petits aménagements, comme par exemple placer une séparation au-dessus d’une auge ou d’un abreuvoir pour limiter les problèmes de dominance entre animaux.

Mais Obione veut aller plus loin et voit les choses en grand pour sa démarche Happy. Pourquoi ne pas valider le concept auprès de petites laiteries qui collectent du lait chez des « Happy Farmers » ? « On souhaiterait qu’un jour du lait frais entier, voire du yaourt ou du fromage, puisse être étiqueté « Happy ». L’objectif de la démarche est aussi de communiquer auprès de l’ensemble des consommateurs. « C’est eux qui décident comment les éleveurs doivent produire, sur le respect de l’environnement, du bien-être animal…, rappelle Lionel Reisdorffer. Et nous devons aussi convaincre que le lait que nous produisons en France est bon pour leurs enfants et digne d’être donné à tous les enfants du monde. Le faire savoir sur une étiquette, c’est montrer aux consommateurs que derrière ce pot de yaourt se cache bien plus qu’un yaourt, qu’il y a des vaches et des éleveurs heureux. »