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Relations commerciales/guerre des prix

Olivier Dauvers : « Modifier la LME ne changera strictement rien »


Communication agricole le 21/04/2016 à 07:25
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Spécialiste du secteur de la distribution, Olivier Dauvers estime qu’un changement de réglementation des négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs sera sans aucun effet sur la guerre des prix tant décriée. Il faut, selon lui, d’abord s’attaquer aux « difficultés endogènes » de la production agricole.

La menace du Gouvernement d’une révision de la LME pour améliorer les relations commerciales entre distributeurs et industriels et ainsi freiner la guerre des prix ne serait-elle que de la poudre aux yeux pour rassurer les agriculteurs ? Expert du secteur de la distribution, Olivier Dauvers en est convaincu. « Qu’est-ce que ça va changer concrètement ? Rien du tout », a-t-il commenté lors d’une présentation d’une étude sur la grande distribution, organisée mercredi 20 avril 2016 par l’Ania. « Si le jambon espagnol ou allemand est 25 % moins cher que le jambon breton, les distributeurs iront s’approvisionner ailleurs que chez nous, quelles que soient les réglementations sur les négociations commerciales. »

Le spécialiste pense davantage que le caractère obligatoire d’un étiquetage de l’origine permettra aux consommateurs, non seulement d’être mieux renseignés, mais aussi de « les réorienter vers des produits territorialisés », sous-entendu de les faire davantage consommer français.

« Il faut arrêter de cibler systématiquement la grande distribution, a-t-il lancé à l’encontre de leurs détracteurs. Certaines fédérations d’industriels s’opposent à l’étiquetage obligatoire de l’origine parce qu’ils s’approvisionnent ailleurs. »

Olivier Dauvers estime surtout que, pour sortir l’agriculture de la crise, le Gouvernement doit agir sur les facteurs endogènes : la productivité et la compétitivité. « Globalement, il y a un réel problème de productivité de la production agricole. Regardez la production de litres de lait ou de viande bovine par exploitant par rapport aux autres pays ! C’est un réel problème. De même que la compétitivité. Nos coûts de production sont plus élevés que chez nos voisins européens, avec une iniquité des conditions de production, tant sociales, fiscales et environnementales. Tant que le premier maillon de la chaîne alimentaire sera aussi peu performant, c’est normal que des transformateurs et distributeurs aillent chercher des matières premières agricoles là où elles sont moins chères. »

Le spécialiste intervenait dans le cadre de la présentation d’une étude « grande conso 2016 » organisée par l’Ania, l’association nationale des industries agroalimentaires. Un rendez-vous où la guerre des prix entre distributeurs a alimenté l’essentiel des débats. « Si rien n’est fait dans les six mois qui viennent, les négociations commerciales début 2017 seront pires encore que celles de 2016, qui avaient été plus difficiles qu’en 2015 », a martelé Jean-Philippe Girard, le président de l’Ania.

Selon le syndicat, la guerre « infernale » des prix que se livrent les distributeurs s’est accentuée en 2015 à cause d’une hausse importante du nombre de promotions en magasin. « Les consommateurs ne voient jamais la baisse des prix. Par contre, ils sont à l’affût des promos », analyse Olivier Humeau, directeur général de Iri France, société d’information sur la consommation, co-auteur de l’étude. Selon cette dernière, le niveau de promotions dans les GMS a augmenté de 5,7 % en 2015 par rapport à 2014.