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Interdiction des néonicotinoïdes

François Jacques : « Il aurait mieux valu inciter à réduire »


Politique et syndicats le 17/08/2016 à 07:25
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Producteur de grandes cultures et de semences en Meurthe-et-Moselle, secrétaire général d’Arvalis-Institut du végétal et vice-président de l’AGPB, François Jacques n'est pas convaincu que « les nénicotinoïdes, seuls, soient la cause première de mortalité des abeilles ». Selon lui, leur interdiction « va à l’encontre d’Écophyto, dont l’objectif est de diminuer le recours aux pesticides ».

« Je suis dépité par cette loi. D’abord sur la forme : le faible taux de participation des élus au vote est inacceptable. C’est pourquoi l’AGPB a contacté plusieurs députés s’étant abstenus. Au téléphone, ils disent comprendre nos doléances. Mais ils n’ont pas osé s’afficher devant la vindicte populaire.

Sur le fond, il n’est pas prouvé que les néonicotinoïdes, seuls, soient la cause première de mortalité des abeilles. Je pense plutôt que c’est leur alimentation qui, dans son ensemble, est responsable et il faut travailler beaucoup plus sur ce sujet. Cet amendement va à l’encontre d’Écophyto dont l’objectif est de diminuer le recours aux pesticides. Il faudra souvent remplacer l’enrobage des semences par deux ou trois insecticides foliaires, ce qui fera grimper les indices de fréquence de traitement.

Les alternatives proposées et défendues par ceux souhaitant cette interdiction (recul des dates de semis, usage de produits foliaires) peuvent être utilisées, certes, mais elles auront une efficacité plus aléatoire, selon les conditions météo, et seront plus coûteuses. Le manque de rentabilité va conduire à des impasses. Il faut toutefois reconnaître que les néonicotinoïdes sont parfois employés de façon trop systématique.

Nous avons des progrès à faire. Néanmoins, au lieu d’un bannissement pur et simple, les élus auraient plutôt dû inciter à la réduction, notamment sur les cultures pour lesquelles cette molécule n’est pas toujours nécessaire, et donner des orientations en matière de recherche afin d’obtenir des variétés plus résistantes aux ravageurs. Les agriculteurs sont en attente de solutions de remplacement plus fiables. D’ici à ce qu’elles soient trouvées, cette décision va être très problématique pour le colza ou le maïs, en Bretagne en particulier. »