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Crise laitière

Le bras de fer entre Lactalis et ses producteurs commence


Élevages bovins lait et viande le 22/08/2016 à 18:25
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A partir de 20h30, ce lundi 22 août 2016, plusieurs centaines d’éleveurs du Grand Ouest entameront leur manifestation devant le siège du groupe Lactalis à Laval. Outre la revendication d’une nécessaire revalorisation du prix du lait, c’est la question de la responsabilité sociale du leader d’une filière qui est posée.

A l’appel des FDSEA et des Jeunes agriculteurs du grand Ouest, plusieurs centaines de producteurs de lait comptent se relayer devant le siège du groupe Lactalis à Laval, à partir de ce lundi soir 22 août pour exiger une revalorisation du prix du lait pour les prochains mois. Avec un prix payé aux producteurs de 256 € la tonne pour le mois d’août, selon les syndicats, le numéro un mondial du lait reste le plus mauvais payeur de l’Hexagone parmi les principaux collecteurs français. Le tarif Lactalis serait de 10 à 30 € inférieur à celui proposé par ses principaux concurrents.

Les conditions économiques sont compliquées, liées à la surproduction européenne et la fin des quotas » laitiers, concède Pascal Clément, secréataire général adjoint de la FNPL. Mais pour lui, le numéro 1 mondial doit tirer le marché vers le haut.

De son côté, Lactalis dénonce le « discours irresponsable » du syndicalisme agricole et le fait d’être pris pour unique cible alors que la responsabilité de la surproduction est collective et surtout européenne. Mais à la question de la nécessaire revalorisation du prix du lait pour les producteurs s’ajoute plus largement celle de la responsabilité sociale d’un leader laitier français et mondial. Or la discrétion exacerbée du groupe à l’égard de ses propres fournisseurs de lait, flirte régulièrement avec un « mépris » dénoncé par les représentants des éleveurs.

Début août, des éleveurs de la Manche avaient déjà demandé à rencontrer, sans succès, des représentants du groupe lors d’une action syndicale sur le site manchois de Sainte-Cécile. De même, la demande écrite formulée le 9 août par Xavier Beulin et Thierry Roquefeuil, président de la FNSEA et de la FNPL, pour rencontrer Emmanuel Besnier est restée lettre morte.

Début 2016, Lactalis n’avait pas souhaité non plus signer la charte laitière de valeurs initiée par la FNPL, signée par plusieurs des collecteurs laitiers et par l’ensemble des distributeurs. »

Sur le terrain, les producteurs sont prêts à tenir plusieurs jours jusqu’à l’obtention d’une revalorisation du prix du lait. Ils ont, pour l’heure, prévu de rester au moins jusqu’à jeudi. Une douzaine de FDSEA et JA vont se relayer pour assurer le blocus du rond-point d’accès au site Lactalis de Laval. Outre les producteurs de Mayenne dès lundi dans la soirée, ceux du Morbihan, du Maine-et-Loire et de la Manche maintiendront le siège mardi, relayés mercredi par des éleveurs du Finistère, des Côtes-d’Armor, d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et l’Orne, puis par ceux de la Sarthe, de la Vendée et du Calvados jeudi. « La suite sera définie en fonction de la mobilisation. »

La bataille du prix du lait entre producteurs et transformateurs se déroulera aussi, indirectement, sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le projet de loi Sapin 2 doit instaurer un meilleur rapport de force pour permettre de mieux répartir la valeur au sein de la filière alimentaire. En l’état actuel du texte, qui sera examiné en session extraordinaire du Parlement à partir du 26 septembre, les industriels devront notamment indiquer le prix du lait payé au producteur pendant cinq ans. Elle obligera aussi à la publication des comptes des entreprises qui jusqu’à présent n’en affichent pas. C’est le cas de Lactalis pour lequel on ne connaît qu’un seul chiffre : ses 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

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