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Prestations de chantiers agricoles

Pour la première fois en 10 ans, une baisse de 1 000 emplois dans les ETA


Politique et syndicats le 06/12/2016 à 19:25
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Avec 1 000 emplois en moins en 2016 par rapport à 2015, les entreprises de travaux agricoles ont, pour la première fois en 10 ans, diminué sensiblement le recours à la main-d’œuvre. Un signe tangible des effets de la crise agricole qui oblige la FNEDT à chercher des pistes pour mieux rebondir.

Déjà en mars dernier, Gérard Napias, le président de la Fédération nationale des entreprises des territoires, qui défend les entreprises de travaux agricoles (ETA) et forestiers, s’inquiétait de l’augmentation des encours enregistrés par ces dernières fin 2015. L’année 2016 qui s’achève révèle un autre bilan témoignant des conséquences de la crise agricole sur les ETA : selon la MSA, le nombre de contrats permanents et occasionnels a reculé sensiblement pour la première fois depuis 10 ans. 1 000 emplois en moins ont été enregistrés en 2016 par rapport à 2015.

La conjoncture économique difficile n’est pas le seul facteur qui rend plus fragile la santé des ETA. « Les décisions politiques de ces derniers mois affectent lourdement nos entreprises », résume Gérard Napias. Au premier rang desquels figure la suppression des allègements de charges sur le travail occasionnel, auquel les ETA ont largement recours. « Cela a entraîné une hausse de 2 € du coût horaire du travail ». De même, la FNEDT dénonce la taxation des CDD instaurée par la loi El Khomri sur le travail. « C’est une charge supplémentaire que les ETA, au vu du contexte agricole actuel, ne peuvent pas répercuter dans leurs prix de prestations. »

Les nouvelles conditions de délivrance et de renouvellement des certificats pour l’utilisation des produits phytos, les fameux « certiphyto », applicables depuis le 1er octobre 2016, ont aussi affecté le travail des ETA. « Les conditions de renouvellement ou l’obligation de formation en cas d’échec à l’évaluation engendrent des coûts supplémentaires et nous obligent à nous remettre en cause. »

Face à la crise agricole et à des décisions jugées contraignantes par la FNEDT, cette dernière a bien tenté, sans succès, de bénéficier du plan de soutien au secteur céréalier. « Nous avions demandé à ce que ce plan couvre le financement des prestations de travaux au champ car 40 % de la surface en céréales est récoltée par des entreprises. Les problèmes de trésorerie dans les exploitations nous font craindre de nouveaux retards de paiement, ce qui fragilisera nos entreprises. »

Et c’est dans ce contexte que les représentants des ETA tentent d’anticiper les nouvelles pratiques et de s’adapter aux demandes des clients. « Ces dernières années, nous nous sommes attachés à professionnaliser notre travail. Et je pense que le professionnalisme des ETA est bien reconnu par les agriculteurs qui nous font confiance », résume Gérard Napias. Les ETA veulent désormais professionnaliser leur relation avec la clientèle.

« Aujourd’hui, de grands groupes privés et coopératifs managent leur relation avec leurs clients ou leurs coopérateurs de manière très pyramidale. Face à cette évolution, nous devons entretenir un lien à la fois ponctuel et permanent avec nos clients pour les fidéliser, explique pour sa part Patrice Gauquelin, entrepreneur bas-normand et délégué à la communication de la FNEDT. Dans nos entreprises, on manque de business plan et d’orientation sur la communication. »

La réflexion de la FNEDT sur la fidélisation des clients agriculteurs va de concert avec l’évolution des demandes. « Nous avons des opportunités de marché devant nous, avec le développement de la délégation complète ou l’agriculture de précision. » Les ETA devront aussi s’adapter à l’agrandissement tendanciel des exploitations agricoles. « C’est difficile pour une ETA d’assurer de gros chantiers de manière sereine avec une ou deux machines. » Les ETA devront elles-aussi grossir pour pouvoir répondre à certaines demandes de prestations et donner des gages de confiance aux agriculteurs.

Les entrepreneurs membres de la FNEDT se réuniront en congrès du 2 au 4 février 2017 à Agen pour débattre de ces enjeux.