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Jean-Luc Robischung, directeur général de la CACM

« Nous accompagnons les agriculteurs au cas par cas »


Communication agricole le 24/02/2017 à 07:25
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Directeur général de la Caisse agricole de Crédit Mutuel depuis mai dernier, Jean-Luc Robischung a pris la mesure de la crise que traverse l'agriculture française. Pour aider les exploitants à y faire face, la banque mutualiste propose un accompagnement "au cas par cas", tout en conservant une volonté intacte de se développer sur ce marché.

 La conjoncture agricole actuelle est difficile pour plusieurs raisons. D’abord, c’est une campagne très complexe pour les cultures céréalières : la récolte a été inférieure à l’année précédente et de qualité moindre et les prix n’ont pas été au niveau attendu en raison des excédents mondiaux. C’est vrai pour le blé comme pour le maïs même si les prix du maïs sont un peu moins affectés. Ensuite, l’élevage est confronté à un double problème: le prix du lait a entrainé une baisse de revenu sensible chez les éleveurs laitiers et par ricochet, une baisse du prix de la viande car une partie du cheptel bovin lait s’est reportée sur le marché de la viande. Il y a donc un problème de prix dans toutes les productions, auquel s’ajoutent les changements au niveau de la PAC. Au-delà de cette conjoncture difficile, le monde agricole est en pleine mutation. Il est obligé de mettre en commun ses moyens dans bien des domaines pour rester compétitif par rapport aux autres pays. Aujourd’hui, les matières premières agricoles sont soumises à des aléas mondiaux. C’est compliqué pour les agriculteurs qui ont des charges fixes. Dans ces conditions, ils ont besoin du soutien de leurs partenaires, notamment des banques. Nous entendons bien le leur apporter.

Nous avons prévu plusieurs mesures d’accompagnement: d’abord en direction des trésoreries les plus touchées, à qui nous proposons des avances pour réaliser les emblavements ; ensuite en direction des exploitations ayant des trésoreries défaillantes. Dans la mesure où elles sont viables, nous leur proposons d’étaler leurs difficultés de trésorerie sur plusieurs années. Deux types de prêts sont concernés : des prêts de campagne et des prêts de consolidation là où les capacités de remboursement existent. Nous sommes par ailleurs en relation avec les organismes concernés pour les exploitations en difficultés sévères. Il y aura des arrêts d’exploitations, mais nous espérons qu’il y en aura le moins possible. Dans tous les cas, nous espérons que les agriculteurs pourront trouver des solutions comme, peut-être, le rapprochement avec d’autres exploitations ou le changement d’activité. 

Depuis toujours, nous accompagnons les agriculteurs au cas par cas. Mais, depuis la rentrée, nous accélérons le rythme des rencontres avec nos clients agriculteurs pour faire le point sur leur situation et voir comment les aider du mieux possible dans les mois qui viennent.

Cette période compliquée ne présage pas forcément d’une année 2017 difficile. Il y a des signes d’espoir, notamment sur le prix du lait. Des discussions vont se rouvrir avec les industriels début 2017, il faut que les prix, qui sont encore trop bas aujourd’hui, se bonifient. De mauvaises années, il y en a toujours eu, même si 2016 a vraiment été une « annus horribilis ». 

 Nous voulons continuer à être un acteur essentiel sur ce marché. Être présent dans le monde rural sans l’être sur le marché agricole, c’est impensable. Nous sommes la deuxième banque de l’agriculture et toutes nos fédérations ont la volonté de développer des produits et des offres pour accompagner les exploitants. Les projets se discutent fédération par fédération, direction régionale par direction régionale. Dans le Sud-Est par exemple, nous embauchons des chargés de clientèle agricole supplémentaires avec la volonté de gagner encore des parts de marché.