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Abattage des canards landais

Pour beaucoup un « mal nécessaire », désaccords pour la suite


Communication agricole le 21/02/2017 à 18:25

« Impuissants » et résignés face à la virulence de l'épizootie de grippe aviaire (H5N8) qui sévit depuis décembre dans les Landes, la plupart des éleveurs du département sont « d'accord » sur l'abattage total des canards, mais divergent sur la manière de rebondir une fois la crise jugulée.

L’exploitation de Marie-Hélène Cazaubon, éleveuse gaveuse à Montsoué, au sud de Mont-de-Marsan, a été l’une des premières touchées dans le département, début janvier, par l’abattage préventif des 9.000 canards de son exploitation. « Deux mois sans activité c’est très dur », financièrement et psychologiquement, explique à l’AFP cette responsable de la FDSEA, syndicat agricole majoritaire dans les Landes. Lors de la précédente épizootie en 2015/2016, Marie-Hélène avait dû se résoudre au vide sanitaire progressif dans son exploitation, « mais ce qui est très dur aujourd’hui, c’est le fait d’abattre tous les animaux d’un coup ». « Au début de la crise, se souvient-elle, on pensait que la barrière sanitaire suffirait mais, cette année, la maladie est particulièrement virulente. »

« Je suis bien malheureuse d’avoir à le dire, mais aujourd’hui, la seule solution c’est le dépeuplement total, parce qu’il faut bien stopper le virus », lâche Marie-Hélèné Cazaubon. « Si on ne fait rien tout de suite, la situation va s’éterniser sur des mois et des mois », au risque de compromettre la saison prochaine.

Confiante que « tous les animaux abattus seront indemnisés », un coût qu’elle estime pour ses 9.000 têtes perdues « entre 50.000 et 60.000 euros », l’éleveuse assure que les banques « sont aujourd’hui en mesure de faire les avances sur trésorerie ». Mais difficile encore, prévient-elle, de chiffrer le « coût réel du manque à gagner pendant la période d’inactivité, parce que reste l’inconnue de la date de reprise ».

C’est précisément la reprise de l’activité et « surtout ses modalités » qui opposent aujourd’hui petits et gros producteurs du département, explique Christophe Mesplède, président du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), qui défend les « petits exploitants ». « Abattage total ou pas, le débat n’est plus là puisqu’il ne reste plus que très peu de canards vivants », 600.000 environ après l’abattage de 1,3 million de têtes depuis le début de l’épizootie, explique ce petit éleveur-gaveur à Mugron, dans le sud des Landes. « Depuis plus d’une semaine, on compte une quinzaine de nouveaux foyers par jour » dans le département, ajoute-t-il, résigné. « Donc tout le monde est d’accord sur l’abattage », témoigne Christophe Mesplède, qui attend l’euthanasie de ses 4.000 têtes depuis un mois et demi. « Je voudrais qu’on les abatte le plus vite possible pour que ça me coûte moins… » Cette année, le fléau H5N8 lui a fat perdre quelque 80.000 euros.

Mais « ce qui pose problème au Modef, c’est que le Cifog (Comité interprofessionnel du foie gras) qui regroupe tous les maillons de la filière, y compris les grands industriels, propose de redémarrer en période hivernale, systématiquement en confinement total », pour éviter la contamination des élevages pendant la période de migration des oiseaux sauvages, qui ont beaucoup contribué à propager le virus. « C’est un message catastrophique envoyé au consommateur, parce que l’élevage en plein air est une garantie du bien-être de l’animal et donc de qualité ! » tonne le syndicaliste.

Autre argument de poids, le coût colossal pour les petits exploitants. Dans une exploitation moyenne de 12.000 canards, « qui dit confinement, dit construction de nouveaux bâtiments pour un investissement total de 300 à 350.000 euros », avertit M. Mesplède.