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Génétique bovine

Les races de vaches locales ont su tirer leur épingle du jeu


Alimentation et fourrages le 22/02/2017 à 16:25
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La Nantaise est une nourrice hors pair, la Gasconne résiste au froid, la Froment du Léon produit un beurre couleur « pelure d'orange », ces races de vache qui auraient pu disparaître au tournant du siècle ont été sauvegardées et permettent à leurs éleveurs de gagner leur vie. Le choix de Fine, une Pie Noire Bretonne, comme mascotte du Salon de l'agriculture qui s'ouvre samedi, est le symbole de cette renaissance. Cette race menacée d'extinction il y a 40 ans a fait l'objet du premier programme de conservation du pays.

Moins productives que la Holstein, principale race laitière en France, plus petites que la Charolaise, principale race à viande du pays, ces races locales ont connu un sérieux déclin après la seconde guerre mondiale. Au point que dans les années 1970, certaines avaient disparu comme la Fémeline ou la Bressanne, et d’autres ne subsistaient plus qu’avec trois taureaux et une dizaine de génisses.

C’est à ce moment que l’Institut de l’élevage (Idele) s’est donné pour mission de les sauver, en les recensant et en établissant des livres généalogiques pour permettre d’engendrer des descendants sans problèmes de consanguinité, tout cela en s’appuyant sur des éleveurs passionnés.

Avec 8.500 vaches comptabilisées à ce jour, l’effectif a été multiplié par 8 en 30 ans pour les quinze races suivies par l’organisme de sélection des « races bovines locales à petits effectifs ». Un travail de longue haleine qui a donné des résultats puisque aujourd’hui, « on a dépassé le stade de la sauvegarde, et il est plutôt question de la valorisation » de ces races, assure à l’AFP Bernard Denis, professeur de zootechnie et coauteur du livre Les vaches ont une histoire (Delachaux et Niestlé). Car ces races, qui la plupart du temps portent le nom de leur territoire, ont des atouts dont leurs rivales sont dépourvues.

La Ferrandaise, à robe rouge ou noire, avec une tache blanche sur la tête et les pattes, a « des aptitudes pour la marche en zone de montagne, est fertile et se reproduit facilement », raconte ainsi à l’AFP Jean-François Ondet éleveur installé dans le Puy-de-Dôme. « Mes grands-parents avaient des Ferrandaises, quelque chose était écrit », assure cet éleveur qui a acheté trois Ferrandaises en 1996, puis a peu à peu augmenté son cheptel, jusqu’à avoir 50 vaches et 30 génisses de cette race, dont l’effectif total est de 2.700 femelles.

L’association de sauvegarde qu’il préside cherche maintenant à trouver des circuits pour mieux valoriser cette race mixte, c’est-à-dire apte à fournir aussi bien de la viande que du lait. Pour la viande, les producteurs de Ferrandaises approvisionnent des bouchers de la région et un restaurant parisien appelé « La Ferrandaise », mais pour le lait, « on essaye de se regrouper pour créer un produit, par exemple un fromage », explique Jean-François Ondet.

Le lien avec un territoire implique souvent un rapport très fort entre les races et les produits typiques des régions. Ces races peuvent ainsi trouver un créneau économique grâce à la différenciation de leurs produits. « Il y a aujourd’hui des modèles économiques qui tiennent la route, une agriculture différente avec notamment des circuits courts (entre producteur et consommateur, ndlr) », confirme Delphine Duclos de l’Institut de l’élevage.

Pour Bernard Denis, avoir réussi à faire revivre ces races permet aussi de garantir la diversité génétique. « On ne sait pas si dans 30 ans, on ne sera pas content de récupérer des gènes chez ces races » pour venir au secours des espèces aujourd’hui dominantes mais qui pourraient appauvrir leur matériel génétique à force de sélection drastique.