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Reportage

Angoissés par le Brexit, les pêcheurs se disent oubliés de la présidentielle


Communication agricole le 28/03/2017 à 16:25

Les pêcheurs français, qui redoutent les conséquences néfastes du Brexit sur leur profession, peinent à s'intéresser à la campagne présidentielle, et se disent « oubliés » des débats, alors qu'une stratégie claire pour développer la filière apparaît plus que jamais nécessaire.

« La campagne ? Quelle campagne ? La campagne de pêche… ? », demande hésitant Antoine, un marin-pêcheur interrogé dans un bar du Guilvinec (Finistère) à propos de la campagne présidentielle, un sujet qui « ne (l)’intéresse pas » et à propos duquel il n’a « rien à dire ».

« Je ne suis pas du tout la campagne. Je m’en fiche. Je ne suis pas sûr que ça change quelque chose d’avoir un président plutôt qu’un autre », estime un peu plus loin sur le port Théo Felici, un matelot de 23 ans affairé à débarquer du poisson de L’Ockeanos, un chalutier de 15 mètres.

A l’autre bout du Finistère, au port de Roscoff, Gaël Abjean, 51 ans, ne dit pas autre chose : « Tous ces politiques sont complètement en dehors de la réalité et du terrain ». Si la plupart des candidats ont pourtant des propositions, telle la mise en place de quotas de pêche pluriannuels, le lancement d’un vaste « plan mer » pour Jean-Luc Mélenchon, qui met l’accent sur la pêche artisanale, ou encore des états généraux du secteur chez François Fillon, les pêcheurs trouvent qu’on parle « plus d’agriculture que de pêche » dans la campagne.

Avec près de 460.000 tonnes de poisson pêchées chaque année pour plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, la filière française pèse pourtant dans l’économie côtière. En Bretagne, première région de pêche, c’est surtout le Brexit qui inquiète. Selon le comité national des pêches, la France est dépendante à environ 30 % des eaux britanniques, un taux qui monte à 50 % en Bretagne. « Le Brexit ? C’est une catastrophe ! » assure Gaël Abjean, propriétaire de l’An Tuaz Coz, un fileyeur de 15,60 m. « Les bateaux qui vont au large vont soit faire faillite, soit pêcher dans les eaux françaises et sur la bande côtière, qui est déjà saturée de petits bateaux », soutient-il.

La remise en cause de l’accès aux zones de pêche britanniques pourrait avoir des « conséquences désastreuses », estime le conseil économique et social de Bretagne dans une étude parue en décembre, pointant un risque majeur pour l’emploi breton.