Accéder au contenu principal
Maltraitance à l'abattoir du Vigan

Jugement très attendu vendredi à Alès


Agriculture biologique le 27/04/2017 à 11:25

Le procès sans précédent portant sur des cas de maltraitance d'animaux commis dans l'abattoir bio du Vigan, et révélés par une vidéo de l'association L214, va connaître son épilogue vendredi, avec le jugement rendu par le tribunal correctionnel d'Alès.

L’affaire avait éclaté en février 2016 avec la diffusion des images choc tournées en caméra cachée par l’association L214, qui milite contre la consommation de tout produit animal, et singulièrement de viande.

Lors du procès très médiatisé, qui s’est tenu les 23 et 24 mars dans un petit tribunal bondé, le procureur de la République d’Alès Nicolas Hennebelle avait requis un an de prison avec sursis contre le principal accusé, Marc Soulier, ancien employé de l’abattoir jugé pour « sévices graves », « actes de cruauté » et « mauvais traitements ». Il a également réclamé contre ce fils d’éleveur âgé de 24 ans une « interdiction d’exercer une activité professionnelle dans un abattoir pendant cinq ans », une interdiction « de détenir des animaux de rente » et 3.400 euros d’amende.

Marc Soulier, à qui il est notamment reproché des coups d’électronarcose portés sans nécessité sur le museau de brebis, est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

« On cherche à tout prix à mettre un visage sur les dysfonctionnements des abattoirs », avait déploré en défense Me Aude Widuch. Des peines de 150 et 600 euros d’amende pour mauvais traitements avaient également été requises contre deux autres employés, Gilles Esteve et Nicolas Garnier. Le procureur avait également réclamé 6.000 euros d’amende contre la communauté de communes du pays viganais qui gère l’établissement.

Le procès avait notamment tourné autour des conditions de travail dans les abattoirs. « On vit la mort cinq jours sur sept », a témoigné Marc Soulier, entré à 15 ans à l’abattoir du Vigan comme apprenti boucher. Le ministère public « n’ignore pas » la « pénibilité insuffisamment reconnue » du travail en abattoir, avait assuré Nicolas Hennebelle, estimant cependant que cela pouvait « expliquer » mais pas « excuser » les comportements reprochés.

Le jugement devrait constituer une étape importante dans le combat « vegan » de L214 qui a diffusé depuis fin 2015 une série de vidéos tournées dans des abattoirs. Elles ont débouché sur la mise en place d’une commission parlementaire qui a préconisé 65 mesures dont le renforcement de la vidéosurveillance, l’intervention de vétérinaires et la formation des employés. Il est également très attendu par une association de petits éleveurs bio de la région du Vigan, qui pratiquent la vente directe en circuit court et entendent reprendre à l’été 2017 la gestion de l’abattoir dans le respect de l’éthique. La fermeture de cet établissement constituerait selon eux un arrêt de mort pour leur activité.