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Valorisation des déchets

Donnez une seconde vie à vos pneus usagés !


Innovations et machinisme le 21/06/2017 à 07:25
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Bien que l’agriculture soit souvent à l'avant-garde, en termes de recyclage des pneumatiques usagés, elle fait partie des mauvais élèves. Les agriculteurs ont du fil à retordre pour trouver d’autres façons de maintenir les bâches qui couvrent leurs tas d’ensilage. L'enjeu est important puisque environ 800 000 t de vieux pneus s'entassent dans les fermes selon une étude de l'Ademe.

L ’agriculture ne fait pas bonne figure en termes de recyclage des pneumatiques. Et autant dire que les 267 bennes de pneus collectées en 2016 par la Chambre d’agriculture du Rhône ne pèsent pas lourd face aux 335 000 t (soit 44,2 millions) qu’a traitées Aliapur la même année !

En cause, l’utilisation qu’en font les agriculteurs. Le plus souvent, ils utilisent les vieux pneus pour tenir les bâches qui recouvrent leurs silos d’ensilage. En France, une étude de l’Ademe estime ce stock à 800 000 t. Leur recyclage doit s’organiser, d’autant plus qu’à l’avenir, les producteurs souhaitent se débarrasser de 235 à 290 000 t d’entre-eux (selon la même étude).

Dans l’automobile ou le transport, la valorisation est bien rodée. Chaque revendeur perçoit une éco-participation lorsqu’il vend un pneu et c’est elle qui finance le coût du recyclage. Dans la filière agricole, rien n’est prévu !

Aliapur, crée par Bridgestone, Continental, Dunlop, Goodyear, Kléber, Michelin et Pirelli se charge d’accomplir en France les obligations environnementales de ses clients, soit :

En 2016, 102 % du volume de pneus vendus a été collecté et recyclé par Aliapur. C’est plus que le nombre qui est commercialisé car il subsiste quelques sites « orphelins » qu’il faut finir de nettoyer, comme à Souillac (Lot). Une fois collectés, les pneus sont triés. Ceux qui répondent aux critères de réutilisation sont mis à part. Les autres seront broyés.

Actuellement, la filière négocie avec les pouvoirs publics pour changer le statut des pneus réutilisables. Objectif : que le déchet ne soit plus considéré comme tel et devienne un produit. Pour l’export, ce changement de considération est important. Il facilitera le passage de certaines frontières, comme celle du Maroc, qui importe entre 70 et 80 000 t de broyat pour alimenter ses cimenteries. Généralement, un pays préfère laisser entrer de la matière première plutôt que des déchets sur son territoire.

Dans l’Hexagone, 60 % des pneus recyclés se transforment en gazon synthétique et finissent leur vie sur des terrains de sport. En 2016, Aliapur a travaillé en partenariat avec Sébastien Chabal pour développer des terrains de fitness nomades. Dans les 40 % restant, 20 % servent à fabriquer un revêtement spécial pour terrain de jeux et le reste est moulé pour faire des objets en caoutchouc.

De nombreux projets sont en phase de recherche et devraient aboutir rapidement. Le « bâtiment » s’intéresse beaucoup au broyat et en particulier à ses qualités d’isolation phonique et acoustique. Associé au ciment, le broyat de pneu réduit en poudre amène de l’élasticité aux joints. En ce moment, l’agglomération lyonnaise étudie leur résistance autour des pavés de rue.

Les innovations technologiques embarquées dans les pneumatiques ne devraient pas freiner le recyclage. Aujourd’hui, les outils permettent d’extraire les composants électroniques en même temps que l’acier. Avantage : les puces seront utiles au tri. Elles indiqueront la dimension, le taux d’usure, les caractéristiques… Des informations immédiatement collectées pour libérer du temps à l’opérateur.