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Climat

Les ONG scrutent les premiers arbitrages de Macron


Politique et syndicats le 21/06/2017 à 09:25

Inconnues sur la feuille de route climat et sur les états généraux de l'alimentation, doutes sur les pertubateurs endocriniens... les défenseurs de l'environnement attendent impatiemment les premières décisions du gouvernement, tests de l'ambition d'Emmanuel Macron.

« Il semblerait que l’opposition va avoir un peu de mal à s’exprimer. L’opposition, elle est dans la société civile (…) et nous on va s’exprimer », prévient Benoît Hartmann du réseau CLER sur la transition énergétique. Emmanuel Macron « a saisi l’opportunité du départ de Trump pour réaffirmer un volontarisme qui n’existe pas ! », note-t-il. « Le volontarisme français et européen existe dans les objectifs, mais pour l’instant tout nous dit qu’on n’y arrive pas, ni sur les énergies renouvelables, ni sur les économies d’énergies et donc pas sur la réduction des gaz à effet de serre ». Promise pour juin, la présentation de la feuille de route climat de la France a été décalée au 5 juillet. Elle doit préciser les intentions du gouvernement dans l’énergie, les transports, la fiscalité, l’aide internationale, etc., au regard de l’accord de Paris.

Reçues à l’Elysée le 6 juin, les ONG sont depuis dans l’expectative. Elles ont transmis leurs propositions et attendent. Emmanuel Macron « marchera-t-il dans les pas de François Hollande, porteur d’une diplomatie climat active et en même temps président de l’inaction » n’ayant pas concrètement amorcé la réduction du nucléaire, pourtant inscrite dans la loi ?, demande Cyrille Cormier de Greenpeace. Pour les ONG, il faut envoyer aux investisseurs, aux industriels, aux voisins européens, un signal plus fort en faveur des énergies renouvelables, tout en préparant les travailleurs concernés (nucléaire, charbon) à de nouveaux métiers.

L’absence définitive de tout nouveau permis de recherche d’hydrocarbures, un plan précis pour la rénovation des immeubles « passoires thermiques », le soutien aux transports propres sont attendus. Les ONG ont aussi repris espoir de voir instaurer une taxe européenne sur les transactions financières après la promesse de Macron de faire aboutir ce projet discuté depuis six ans. Concernant les États généraux de l’alimentation, les associations s’alarment d’une organisation confiée au seul ministère de l’agriculture. Elles réclament un copilotage avec le ministère de Nicolas Hulot et veulent y participer pour que les enjeux environnementaux ne soient pas oubliés. Rien ne le dit encore. Macron a récemment assuré que ce rendez-vous serait ouvert aux questions sociétales.

Mais, pour l’instant, il s’agit de rencontres, en juillet, consacrées au partage des marges entre agriculteurs, distributeurs et transformateurs, et aucun autre calendrier n’est annoncé. « Il faudra plus que la nomination de Nicolas Hulot », résume Cyrille Cormier, en soulignant qu’il faudrait donner au nouveau ministre « les moyens d’agir ». L’ancien animateur devrait sortir de sa réserve des derniers jours vendredi matin, sur BFMTV. Peut-être en dira-t-il plus sur le dossier des perturbateurs endocriniens (PE), ces substances qui dérèglent le système hormonal et dont la réglementation est suspendue à l’adoption d’une définition européenne. Après cinq ans de bataille à Bruxelles, un vote est prévu le 4 juillet.

La France, jusqu’ici à la pointe de la lutte avec la Suède et le Danemark, va-t-elle revoir à la baisse ses ambitions ? « La position de la France n’est pas arrêtée, on y travaille », indique-t-on au ministère de la Transition écologique. « Nous avons des inquiétudes sur ce que cela donnera car on ne sent pas la même volonté sur ce dossier qu’avec Ségolène Royal », a confié à l’AFP François Veillerette de Générations futures. « Cela va être un premier vrai test pour Nicolas Hulot», prévient-il. Pour Hulot et aussi Emmanuel Macron, qui dans son programme assurait vouloir faire de la santé environnementale «une priorité du quinquennat. »