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Robots de traite

P. Lévêque : « Grâce au robot, je suis redevenu éleveur ! »


Alimentation et fourrages le 10/08/2017 à 16:25
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Alors que la robotique est la thématique majeure du Space 2017 à Rennes, Pierre et Martin Lévêque, éleveurs à Hautvillers-Ouville dans la Somme, ouvrent les portes de leur exploitation pour montrer que le robot de traite, ça fonctionne aussi dans les grands troupeaux ! Il y a 10 ans, la SCL O’lait a modernisé son installation de traite grâce à trois robots VMS de DeLaval. Depuis, deux autres machines renforcent l'équipement et traient jusqu'à 250 vaches chaque jour, soit une production d'environ 2,5 millions de lait. Les avantages : un gain de temps pour les deux frères en charge de la production laitière et une réduction des efforts physiques liés à un troupeau de cette taille.

Pierre Lévêque (P.L.) : La société SCL O’lait est une association qui regroupent sept associés depuis environ 25 ans. Chaque membre assure des fonctions spécifiques. Mon frère et moi sommes en charge de la production laitière. Notre troupeau compte 250 vaches laitières, qui produisent jusqu’à 2,5 millions de litres de lait par an.

P.L. : Il y a 10 ans, le nombre de bêtes du troupeau a doublé, passant de 100 à 200 têtes. La capacité de la salle de traite n’était plus suffisante pour autant d’animaux. Nous devions donc renouveler l’installation, c’est pourquoi nous nous sommes lancés dans les robots. C’était le début de ces outils et, à l’époque, les constructeurs ne les préconisaient pas pour les grands troupeaux. Dans notre configuration, il était plutôt conseiller d’opter pour une grande salle de traite ou un dispositif rotatif. Malgré tout, nous avons décider de relever le défi et de montrer que les robots fonctionnent aussi avec 180 vaches.

P.L. :  En fait, la décision fait suite au départ à la retraite de l’un des associés. Au même moment, deux jeunes s’installaient. Nous avons repris un élevage à 10 km et trait à distance pendant trois ans. Très vite, nous nous sommes rendus compte que c’était difficile à gérer. Et cela a d’ailleurs permis de mettre en évidence les bénéfices du robot. La décision de fusionner les troupeaux et de renforcer les équipements était une évidence. Nous en avons acheté deux pour ne pas être limités par la capacité et éventuellement pouvoir accroître le nombre d’animaux.

P.L. : Remplacer l’humain par une machine apporte surtout de la souplesse. Par exemple, lorsqu’une vache vêle dans la journée, je suis plus disponible et peux l’aider si besoin. Il est possible de la traire aussitôt et d’écarter son lait pour nourrir le veau. Et ça, sans pour autant que ma journée ne se termine plus tard. Autre avantage : la contrainte physique en moins. En effet, traire 250 vaches deux fois par jour, c’est beaucoup de travail ! Auparavant, trois personnes étaient nécessaires pour la traite, la préparation et la désinfection des trayons. Nous sommes sept associés mais certaines cultures de vente demandent beaucoup de temps. En particulier, les pommes de terre ! C’est pour cela que deux personnes seulement sont en charge de l’atelier laitier.

P.L. : Oui. Les trois premières machines ont maintenant 10 ans et elles sont payées. Du coup, nous continuons d’investir avec l’acquisition de deux robots supplémentaires. Même avec un grand troupeau, nous avons démontré que c’est viable !

P.L. : Il y un an, nous avons décidé d’installer un Herd Navigator sur nos anciennes machines. D’où l’intérêt d’acquérir des machines évolutives ! Il y a 10 ans, personne ne savait que nous investirions dans ce dispositif. Pourquoi cet achat ? L’agrandissement du troupeau. Nous sommes deux, mon frère et moi, à gérer la production laitière. Martin est passionné de génétique, il suit tous les cycles de reproduction des vaches. Avec 250 têtes, c’est impossible de le faire seul ! Cet outil d’aide à l’insémination est indispensable. Il y a moins d’un an qu’il fonctionne et on remarque déjà des améliorations. L’intervalle entre deux vêlages a été raccourci. Sans compter le confort de travail !

Prudence. Il ne faut pas commettre l’erreur de penser que le robot fait le travail de l’éleveur. Ceux qui n’aiment pas les vaches, et qui s’imaginent qu’il suffit d’acheter un robot pour s’affranchir de la traite, vont dans le mur ! Au-delà du coût important de l’investissement, il est indispensable de rester éleveur ! Et de soigner ses animaux. Le temps gagné doit servir à être dans l’étable, à l’écoute des bêtes. Le robot exécute les tâches difficiles et physiques pendant que l’homme surveille le fonctionnement de la machine. Et qu’il y en est une ou cinq, ce temps est quasiment identique. Du coup, le robot est mieux valorisé dans un grand troupeau.

P.L. : Inévitable, non, je ne pense pas. C’est une solution qui permet de répondre au développement de la production. Cependant, il faut faire confiance à la machine. C’est seulement là qu’il est envisageable de confier la traite, l’alimentation, le nettoyage des caillebotis… c’est-à-dire tous les travaux sans valeur ajoutée ou répétitifs. Il faut absolument croire en la technologie et aimer ça !