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Moisson 2017

P. Pinta (AGPB) : « Si la baisse des prix perdure, les revenus seront négatifs »


Politique et syndicats le 30/08/2017 à 10:00
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Les céréaliers de l’AGPB sont inquiets : les rendements très hétérogènes, et donc assez médiocres pour certains d’entre eux, se conjuguent à une nette baisse des cours du blé sur le marché mondial. Ils appellent les pouvoirs publics à des mesures fortes, notamment dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.

: Globalement, la qualité est au rendez-vous, voire excellente pour bon nombre de producteurs. Nous sommes satisfaits des opportunités de commercialisation que nous offre cette qualité, et la filière est mobilisée pour les saisir. En revanche, les rendements sont extrêmement hétérogènes d’une région à l’autre, mais aussi et surtout localement. Un exploitant peut avoir des résultats très bons et son voisin des très mauvais.

L’évolution du prix du blé nous inquiète fortement. Ce prix est descendu à 130 € la tonne départ ferme ces derniers jours, ce qui ne permettra pas de rémunérer les producteurs dont les trésoreries sont déjà très fortement affectées par 2016. Sur la base des derniers chiffres, le revenu annuel des céréaliers spécialisés pourrait descendre à 2 000 € en moyenne après déduction des charges sociales. Certains producteurs déjà en difficulté ne réaliseront aucun revenu cette année encore. Si la baisse des cours perdure, les revenus pourraient rester négatifs.

 : Nous continuons d’insister sur notre demande de voir développées les solutions d’épargne de précaution pour deux raisons. D’abord parce que nous croyons tout de même que les prix vont remonter. Ensuite parce qu’il est plus facile d’obtenir cette demande dans ce contexte, plutôt que lorsque les revenus sont bons.

 : Cette décision du ministre vient clairement accentuer les distorsions de concurrence. Cette redistribution de 160 M€ vient entamer encore une fois la compétitivité des exploitations céréalières. Or, contrairement aux idées reçues, les céréaliers occupent 25 % de la surface agricole utile française et bénéficient seulement de 20 % des aides Pac du 1er pilier.

La conséquence de cette décision est très concrète : entre les zones intermédiaires françaises et les mêmes zones intermédiaires allemandes, il y a de 12 à 15 €/ha d’écart de compétitivité.

Pour les céréaliers, cette orientation est préoccupante au regard de la stratégie de nos voisins européens qui, pour les trois quarts, se sont orientés vers une aide unique pendant que la France poursuit son bidouillage entre le 1er et le 2e pilier.

 : J’attends de ces Etats généraux qu’ils donnent les outils permettant d’améliorer la compétitivité de nos filières. Les céréaliers et acteurs de la commercialisation sont contraints par les cours mondiaux. Il faut donc leur donner des marges de manœuvres au niveau des charges. Pour les agriculteurs, il faut leur donner des marges de progrès grâce à la recherche, l’innovation, la génétique, la robotique, l’irrigation. Au sein des filières, il faut soutenir le développement d’infrastructures logistiques, ferroviaires et fluviales, performantes.

Ceci dit, je garde à l’esprit le résultat du Grenelle de l’environnement, où l’agriculture avait été finalement jetée en pâture. Il faut espérer qu’à l’issue des Etats généraux de l’alimentation, les choses ne se fassent pas sur le dos des agriculteurs.