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Etats généraux de l’alimentation

Olivier Mevel : « Le problème numéro un, ce sont les grandes surfaces ! »


Politique et syndicats le 22/09/2017 à 19:25
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Olivier Mevel estime que les quelques aménagements réglementaires envisagés à l’issue des Etats généraux de l’alimentation ne régleront rien aux difficultés de répartition de la valeur ajoutée et donc aux difficultés des agriculteurs. Il cible les distributeurs et leurs pouvoirs « exorbitants » et dénonce au passage « l’oligarchie technocratique » qui a écarté sa candidature à l’observatoire de la formation des prix et des marges.

Lors de sa campagne pour la Présidentielle, Emmanuel Macron avait promis des Etats généraux de l’alimentation pour, notamment, trouver des solutions permettant aux agriculteurs d’être « payés au prix juste ». Sur la forme, la promesse est tenue. Mais qu’en sera-t-il sur le fond ? Olivier Mevel, enseignant-chercheur à l’université de Bretagne-Loire et spécialiste des filières agroalimentaires en doute.

« Ce ne sont pas quelques mesurettes qui vont changer l’état d’esprit d’une loi puissamment déflationniste qu’est la Loi de modernisation de l’économie. S’il n’en ressort que de petites ordonnances et quelques petits décrets pour revoir quelques points de la loi, cela ne sera pas suffisant », estime-t-il, taclant au passage un certain manque de transparence. « Comment se fait-il que nous n’ayons pas la liste précise des participants aux différents ateliers ? Comment se fait-il que nous ne puissions pas avoir accès aux travaux de ces réunions ? »

Olivier Mevel en appelle « à une mise à plat de l’ensemble de la législation et la reconstruction d’un nouveau cadre équilibré entre les acteurs. Fin mai 2017, il s’était déjà exprimé sur ce sujet en demandant de « faire table rase pour mieux protéger les agriculteurs ».

Le spécialiste dénonce surtout le pouvoir « exorbitant » des distributeurs dans la chaîne alimentaire. « Le problème numéro un, ce sont les grandes surfaces ! Aujourd’hui, les grandes surfaces réalisent des chiffres d’affaires annuels au mètre carré devenus intolérables, entre 12 000 et 15 000 € pour un hypermarché. Avec de tels chiffres, le rapport de force est intolérable, car il donne tous pouvoirs aux distributeurs de réaliser des marges à l’achat auprès de leurs fournisseurs, tout en poursuivant une politique des prix bas encouragée par la LME. »

Je n’ai pas été retenu car certains m’ont considéré trop proche des éleveurs.

Alors que se mettaient en place les Etats généraux de l’alimentation en juin et juillet dernier, Olivier Mevel était candidat à la présidence de l’observatoire de la formation des prix et des marges. « J’ai donné mes arguments au ministre de l’agriculture Stéphane Travert que je remercie de m’avoir entendu. Mais malheureusement, je n’ai pas été entendu par les hauts fonctionnaires du ministère. Ma candidature gênait une sorte d’oligarchie technocratique au sein du ministère de l’agriculture », lâche l’enseignant-chercheur. Je n’ai pas été retenu car certains m’ont considéré trop proche des éleveurs. »