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Aléas climatiques

La production européenne de vin au plus bas


Viticulture le 20/10/2017 à 19:25

La France avait esquissé la tendance cet été, avec la plus faible récolte de l'après-guerre : c'est désormais toute l'Europe du vin qui fait grise mine, avec une production attendue au plus bas historique cette année.

La production européenne de vin, affectée par des aléas climatiques, va baisser de 14 % en 2017 par rapport à la récolte précédente, a indiqué jeudi FranceAgriMer, qui se base sur des chiffres de la Commission européenne. Ce recul, qui aboutit à une production historiquement basse, est principalement le fait des trois plus gros bassins de production : Italie (- 21 %), France (- 19 %) et Espagne (- 15 %), selon l’organisme public. La Commission estime à 145 millions d’hectolitres la production globale de vin dans l’Union européenne des 28, en baisse de 14 % également par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Avec 40 millions d’hectolitres, l’Italie reste le premier producteur du continent, devant la France à 36,9 millions et l’Espagne à 36,8 millions. Alors que cette baisse fait d’ores et déjà de ce millésime européen, comme en France, le plus faible volume de l’après-guerre, « les professionnels, eux, pensent que ces estimations sont encore supérieures à ce que va être le résultat définitif », a indiqué Anne Haller, déléguée pour les filières viticole et cidricole à FranceAgriMer. Des « ajustements » qui pourraient se traduire par « encore 2 ou 3 millions d’hectolitres de moins pour la récolte européenne », a-t-elle indiqué.

En France, la production du Bordelais, qui a subi un repli de 45 %, pourrait encore être revue à la baisse. « Les vendanges se terminant, on se rend compte que les conséquences liées à la sécheresse et au gel affectent encore plus la production », confirme Jérôme Despey, viticulteur en Languedoc-Roussillon et responsable de la viticulture à la FNSEA. « Il faut avant tout qu’on arrive à préserver nos parts de marché. Pour cela on a des stocks fort heureusement », déclare-t-il.

Alors qu’au printemps, l’afflux de vins espagnols dans les supermarchés français avait suscité de nombreuses manifestations dans le sud de la France et créé de fortes tensions de part et d’autre des Pyrénées, il est persuadé que la remontée des prix espagnols va aboutir à une revalorisation des prix payés aux producteurs français.

En revanche, il est « particulièrement inquiet » de la baisse de potentiel de production dans certaines régions : « Quand on fait des pertes de production de 30, 40 %, jusqu’à 90 %, même s’il y a une évolution des prix, ça ne compensera jamais », prévient-il, d’autant que les vignerons français sont très peu assurés.

« Des vignes complètement cramées par le gel, des pousses toutes brunes » : Thomas Montagne président de la CEVI (Confédération Européenne des Vignerons Indépendants) et vigneron dans le Vaucluse, se rappelle avec émotion d’une visite chez ses voisins vignerons du nord de l’Italie, au printemps dernier.

« Nos analyses semblent indiquer qu’en général la qualité sera au rendez-vous », estimait début octobre Ernesto Abbona, président de l’UIV (Unione Italiana vini). Difficile néanmoins, pour les producteurs italiens de revoir leurs prix à la hausse pour compenser les pertes de production, compte tenu de la mauvaise conjoncture italienne et du fait qu’à l’export, beaucoup de leurs vins sont plutôt situés en milieu de gamme.

En Espagne, « comme en France, quand la récolte est plus petite, la qualité est en général meilleure », cette année les professionnels s’attendent à « de très bonnes qualités en général », indique à l’AFP José Luis Benitez, directeur général de la Fédération espagnole du vin. Dans la région de la Ribera del Duero, la production a chuté de 50 % et dans celle de la Rioja de 25 %.

Les plus fortes baisses s’observent dans le tiers nord de l’Espagne, alors que dans les régions du Sud qui fournissent la majorité de la production en quantité (Manche, Estrémadure, Valence), la baisse est de 15-20 %. Selon des experts, tout risque de pénurie est cependant écarté pour le consommateur européen, du fait des stocks disponibles.