Accéder au contenu principal
Négociations commerciales

Après la signature de la charte, les agriculteurs attendent du concret


Politique et syndicats le 15/11/2017 à 16:25

Plusieurs représentants d’organisations agricoles ont rappelé leur satisfaction, au lendemain de la signature de la charte d’engagement en vue de négociations commerciales plus loyales. Mais les agriculteurs attendent des retombées effectives en matière de « juste retour de la valeur ».

Mardi 14 novembre, sous l’égide du ministre de l’agriculture et du secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux, 18 organisations de producteurs, transformateurs et distributeurs ont signé une « charte d’engagement pour une relance de la création de valeur et pour son équitable répartition ». Cet engagement politique vise à rendre loyales les négociations commerciales en cours, en attendant une révision de la loi courant 2018.

Plusieurs syndicats agricoles ont, depuis, exprimé leur satisfaction. Le syndicat Jeunes agriculteurs, qui avait appelé les acteurs la semaine précédente à signer cet engagement, espère « qu’il se traduira dans les faits lors des prochains débats législatifs et des négociations commerciales en cours ». « Nous veillerons à ce que ces engagements, à commencer par les lois existantes telles que Sapin 2, soient respectés lors des négociations commerciales qui ont débuté le 1er novembre et qui s’achèveront en février », assure le syndicat.

« Nous ne serons pleinement satisfaits que quand les agriculteurs verront l’argent revenir dans les cours de ferme et que le métier offrira de solides perspectives aux jeunes », rappelle Jérémy Decerle.

Dans la continuité du premier chantier des Etats généraux de l’alimentation, il reste d’autres étapes à franchir : « la remise par les interprofessions, d’ici le 10 décembre, des plans de filières, et le projet de loi en 2018 qui devra apporter certaines précisions ».

La Coordination Rurale, elle aussi, est  satisfaite de cette signature. « Il n’y a aucune raison de ne pas signer cette charte qui va dans le bon sens » explique Bernard Lannes, président du syndicat. « En plus d’engagements forts de la part de l’aval de la filière, elle consigne l’objectif de permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le biais de prix justes ». Le syndicat attend également « que le gouvernement légifère ».

Pour Claude Cochonneau, président de l’APCA, « ces négociations seront un véritable test de confiance sur les engagements pris par chacun des signataires. Cette charte constitue un levier pour accompagner une transition agricole vers des exploitations multiperfomantes et plus compétitives, ancrées dans la réalité des marchés dans lesquels les exploitants agricoles sont des acteurs à part entière. »

Du côté de la distribution, les bonnes volontés pour des négociations commerciales moins pénalisantes pour les fournisseurs et, indirectement, pour les agriculteurs, semblent posées. Auchan Retail confirme, après la signature, qu’il jouera le jeu. « En pratique, Auchan Retail France demande à ses fournisseurs de produits alimentaires d’intégrer comme base des discussions des tarifs qu’ils présentent dans leurs conditions générales de vente, les propositions des producteurs agricoles, fondées sur les prix de marché et les coûts moyens de production », écrit le groupe dans un communiqué.

Quant à Michel-Edouard Leclerc, il explique sur son blog qu’il n’a pas participé à l’élaboration de la charte. « Le texte nous a été présenté dans sa version numéro 28, mardi dernier (mardi 7 novembre, ndlr)».  Et le patron décrié par la profession agricole de préciser : « la charte n’est pas la loi. S’il veut aller vers du concret, le législateur va devoir s’atteler en 2018 à être plus précis que le texte signé aujourd’hui. Ce qu’une Charte peut accepter, une loi ne peut l’envisager. »

Le propos du patron des magasins Leclerc peut laisser quelques interrogations quant au respect de la charte par les enseignes du groupe dans le cadre des négociations commerciales qui s’achèveront fin février 2018.