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Var

Confrontés à une sécheresse historique, les trufficulteurs veulent se relancer


Météo et Aléas climatiques le 23/11/2017 à 17:25

Touchés par une sécheresse exceptionnelle, les producteurs du Var, réunis pour le premier marché de la saison de la truffe noire jeudi à Aups, cherchent des pistes pour se relancer, du côté du tourisme notamment.

« Chez moi, à Saint-Julien-le-Montagnier, il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis le 28 mai », témoigne Francis Gillet, le président de leur syndicat, assurant que la région n’a pas connu une telle sécheresse depuis 2003. À court terme, les conséquences se font sentir sur la récolte de cette saison, qui s’étale jusqu’en mars.

Jeudi à Aups, seule une dizaine de producteurs ont fait le déplacement, contre plus d’une trentaine habituellement. « Et ceux qui sont là n’ont pas beaucoup de truffes, il y a plus de monde que de truffes », note Philippe de Santis, vice-président du syndicat et producteur à Bauduen. Une quinzaine de kilos, contre plus de 60 habituellement, se sont échangés au prix record de 800 euros le kilo. « Du jamais vu pour un marché primeur », reconnaît Philippe de Santis, qui table sur un prix de vente de 1.500 euros le kilo, et au-delà, à l’approche des fêtes de fin d’année.

Mais la sécheresse pourrait bien avoir des conséquences plus dramatiques à long terme. « On peut craindre des répercussions pour les années futures car on s’aperçoit que la nature et les arbres trufficoles ont beaucoup souffert », avance Francis Gillet. « Sur les parcelles insuffisamment irriguées, il se peut que le mycélium sans lequel il n’y a pas de truffes ait été brûlé », confirme Robert Massello, producteur à Ampus qui a écoulé en quelques minutes les malheureux 200 grammes, contre 2 kilos habituellement, récoltés cette année.

Face à cet état de fait, la filière cherche des solutions. La commune d’Aups a déjà commencé à s’orienter vers le truffo-tourisme en ouvrant une « Maison de la truffe » en 2016. Elle développe, sur le modèle de l’œnotourisme, un espace muséographique et des activités pour les groupes ou les particuliers autour du précieux champignon. Mais toutes ces activités se situent en aval de la filière. « Sans l’amont, elles ne peuvent pas vivre », reconnaît Laurent Péricat, chargé de valorisation à la Maison de la truffe, pour qui la trufficulture est arrivée à un tournant.

« Le modèle hérité du passé a vécu, il est voué à disparaître si nous connaissons de nouveau une telle sécheresse », s’alarme-t-il. « Nous travaillons avec la Chambre d’agriculture pour trouver des solutions d’irrigation, mais il n’y en a pas trente-six, il faut soit faire des forages, soit amener de l’eau du canal de Provence, mais ce sont à chaque fois de gros investissements », abonde de son côté Francis Gillet, le président des trufficulteurs du Var.