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Blé tendre

Les exportations toujours à la traîne


Grandes cultures le 14/12/2017 à 07:25
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Malgré une augmentation du volume d'exportation par rapport à la campagne 2016/2017, les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers restent peu élevées en ce début de campagne. La raison : une concurrence accrue des pays de la mer Noire (Ukraine, Russie) et du continent américain (Argentine, États-Unis).

« Il n’y a aucun boulevard pour les exportations françaises dans ces conditions ». Selon des chiffres publiés mercredi 13 décembre par FranceAgriMer à l’occasion de son conseil spécialisé céréales, les exportations de blé tendre vers les pays tiers ne décollent pas, malgré une petite accélération, alors que la campagne 2017/2018 arrive bientôt à mi-parcours.

Au 12 décembre, seulement « 3 millions de tonnes de blé tendre français ont été exportées dans des pays tiers », a ainsi précisé Olivia Le Lamer, adjointe au chef de l’unité grains et sucre. Résultat : FranceAgriMer a abaissé à 9,5 millions de tonnes ses perspectives d’exportation pour l’ensemble de la campagne 2017/2018.

Cette prévision constituerait cependant une augmentation par rapport à 2016/2017 : seulement 5 millions de tonnes avaient été exportées vers les pays tiers. Mais cette campagne, particulièrement catastrophique, est une exception. Les années précédentes, le volume d’exportation était en effet beaucoup plus conséquent (12,6 millions pour 2015/2016 ; 11,3 millions pour 2014/2015).

On constate malgré tout une accélération des exportations depuis le mois dernier. Le volume des exportations sur les quatre premiers mois ne représentait que 12 % de plus par rapport à la même période pendant la campagne 2016/2017. Cette augmentation représente désormais 33 % pour les cinq premiers mois de la campagne.

« C’est un peu mieux que le mois dernier, cela va dans le bon sens  », a ainsi précisé Olivia Le Lamer. Le principal débouché des exportations de blé tendre français vers les pays tiers est l’Algérie, avec 1,8 million de tonnes importées depuis le début de la campagne. Le pays achète au total 61 % des exportations de blé tendre français, même si cette proportion a eu tendance à baisser ces derniers mois.

Les autres débouchés pour la production française sont toujours le Maroc, qui représente 7 % de ses exportations avec plus de 200 000 tonnes, Cuba, avec 185 000 tonnes, et enfin l’Egypte, qui a importé 58 000 tonnes. « L’écart entre l’Algérie et les autres pays confirme la forte dépendance de la filière au marché algérien », commente Olivia Le Lamer.

Un nouveau pays devrait également prendre de l’importance cette année : l’Arabie Saoudite. Le pays du Golfe a d’ores et déjà acheté 55 000 tonnes de blé hard. Cette opération est une première : jamais la monarchie n’avait acheté de blé hard français. Seul le blé soft constituait auparavant un débouché pour la filière sur ce marché. « Mais cela n’est pas forcément amené à se répéter, car c’est lié à la qualité de la récolte cette année », commente Rémi Taquin, président du conseil spécialisé pour la filière céréalière de FranceAgriMer.

Ce nouveau débouché n’a cependant pas amené FranceAgriMer à augmenter le potentiel d’exportation pour le blé tendre. La raison : « le potentiel de l’Arabie Saoudite est estimé à 300 000 – 400 000 tonnes, mais ce débouché ne fait que compenser un retrait des volumes vers certaines destinations qui étaient surévaluées, comme le Mexique », explique Olivia Le Lamer.

Les difficultés de la filière française proviennent d’une concurrence mondiale qui s’est accrue ces dernières années. Les pays de la mer Noire, comme l’Ukraine et la Russie, mais aussi les États Unis et l’Argentine ont acquis une forte compétitivité prix ces dernières années. Ils ont également bénéficié des mauvais résultats de la production française en 2016. Par ailleurs, certains marchés, comme le Maroc et l’Algérie, sont pris d’assaut par ces concurrents, et ne sont plus des acquis pour la production française.

L’Union européenne reste, quant à elle, un marché porteur pour le blé tendre. Les chiffres de prévision atteignent, comme le mois dernier, 8,1 millions de tonnes. Si ces prévisions s’avéraient exactes, elles seraient supérieures aux résultats des dernières campagnes (6,3 millions en 2016/2017, 7,8 millions en 2015/2016 ; 8 millions en 2014/2015).