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Pollution au chlordécone aux Antilles

Exposition surtout par les circuits informels


Traitements phytosanitaires le 28/12/2017 à 17:25

La population antillaise reste exposée au chlordécone, insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien longtemps utilisé dans la production de bananes, surtout quand elle s'alimente par les circuits informels, en autoproduction sur le bord des routes, selon l'Anses, qui ne recommande pas de baisser les limites maximum autorisées dans les denrées d'origine animale.

Le chlordécone a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Il est depuis présent dans les sols et peut se retrouver notamment dans certaines denrées d’origine végétale ou animale, ainsi que dans certains captages d’eau.

Selon un rapport de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) du 15 décembre, dont une journaliste de l’AFP a eu copie jeudi, jusqu’à 19 % des enfants guadeloupéens situés dans les zones contaminées (communes avec plus de 30 % des sols contaminés) et près de 7 % des enfants martiniquais dans ces zones seraient surexposés à ce cancérogène.

L’Anses note que « l’approvisionnement par des circuits informels (autoproduction, dons, bords de route) entraîne une exposition supérieure à celle apportée par les modes d’approvisionnement en circuits contrôlés (grandes et moyennes surfaces, marchés, épiceries) ».

Peuvent notamment entraîner une surexposition « l’autoconsommation d’oeufs et de volaille produits en zone contaminée », « une consommation supérieure à quatre fois par semaine de produits de la mer pêchés par les particuliers ou issus des circuits informels » ou « la consommation de produits d’eau douce pêchés par les particuliers ».

La consommation de denrées produites en zone contaminée « peut entraîner des surexpositions pour les populations ne respectant pas les recommandations actuelles de consommation, à savoir de ne pas consommer plus de quatre fois par semaine des produits de la pêche et ne pas consommer de produits de pêche en eau douce », ajoute l’Anses, qui préconise « d’étendre ces recommandations à d’autres denrées » comme les oeufs.

Mais l’agence considère que les limites maximales de résidus (LMR, limites autorisées dans les aliments) actuellement en vigueur « apparaissent protectrices ».

« Les individus s’approvisionnant majoritairement en circuits contrôlés, qui garantissent le respect des LMR, ne sont pas exposés à des dépassements de la valeur toxicologique de référence ».

Une réduction des LMR dans les denrées alimentaires d’origine animale « ne permettrait pas d’abaisser les expositions au chlordécone » car « cette exposition est très majoritairement liée à la consommation de denrées issues des circuits informels » où « le respect des LMR n’est pas assuré ».

L’agence considère « plus pertinent d’agir par des recommandations de consommation plutôt que par un abaissement des LMR ».

« Une importante campagne de communication grand public sera diffusée » au tout début 2018, a indiqué la préfecture de Martinique mercredi dans un communiqué.