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Alimentation animale

Le lin améliore la production, la reproduction et la marge des vaches laitières


Alimentation et fourrages le 03/01/2018 à 07:25
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Le lin, riche en acide alpha-linolénique, a des intérêts pour la production et la santé des vaches laitières. La première étude épidémiologique en nutrition animale, conduite par l’Oniris, chiffre un gain possible de 1,3 kg de lait par jour pour une vache qui recevrait quotidiennement 780 g de lin. Par ailleurs, dès un apport quotidien de 25 g, c’est 5 jours gagnés sur la fécondation. Des améliorations qui bénéficient à la marge de l’élevage.

« Mettre du lin dans sa ration, ça coûte cher. Voilà ce que l’on entend souvent », relate Béatrice Dupont, directrice du développement de Valorex, entreprise de nutrition animale spécialisée dans l’extrusion de graines oléoprotéagineuses comme le lin. « Pourtant si les éleveurs continuent à en utiliser, et l’augmentation annuelle de nos ventes de 8 % est une preuve, c’est qu’ils y trouvent un intérêt ».

Si la PME bretonne est convaincue depuis 20 ans de l’intérêt du lin, elle a demandé l’expertise scientifique de l’Oniris, l’école vétérinaire de Nantes, pour chiffrer son impact sur les vaches laitières. Impact en termes de production et de fécondité mais aussi sur le bilan économique de l’élevage.

« Les essais se font sur quelques vaches et une courte durée, explique Nathalie Bareille, responsable de l’unité de recherche Bioepar Oniris/Inra. Pour avoir une vision aussi complète que possible de l’impact économique sur l’exploitation, nous avons voulu comparer des troupeaux entiers, sur une longue période ».

D’où cette vaste étude épidémiologique – une première mondiale en santé animale – pour laquelle les scientifiques de l’Oniris ont décortiqué les données de 1 200 élevages, la moitié distribuant du lin, l’autre non et plus de 2 millions de contrôles laitiers sur 8 ans, de 2008 à 2015 pour connaître l’impact sur la production et la reproduction.

Pour quantifier l’impact économique, l’Oniris a travaillé à partir d’un simulateur de troupeau, un logiciel qui, à partir d’un troupeau de 50 vaches à 9 000 kg, calcule l’impact de différentes stratégies, ici alimentaires.

Outre la dose, le simulateur de troupeau teste différentes modalités de distribution : toute l’année, sur les premiers mois de lactation, arrêt quand les vaches sont à l’herbe… « La distribution de lin à l’année reste rentable. La dose la plus faible, moins de 50 g/jour ne permet pas de gain technique suffisant ; la plus forte, entre 600 et 1 500 g, est trop chère, chiffre Thomas Meignan, le jeune scientifique qui a conduit ses travaux pendant trois ans. Avec une dose intermédiaire, la marge est améliorée. Avec un apport moyen de 173 g par jour, on estime le gain annuel à 1 500 euros. Les graines de lin sont chères mais restent rentables pour l’éleveur ».

« Et ce gain ne tient pas compte d’une meilleure valorisation de son lait si l’éleveur est dans une démarche spécifique, comme Bleu Blanc Cœur », précise Béatrice Dupont.

Pour chiffrer l’impact économique, les chercheurs de l’Oniris ont décortiqué les résultats de production et de reproduction en comparant des troupeaux distribuant du lin à ceux qui n’en distribuent pas.

« Le lin améliore la production et cette réponse augmente avec le rang de vêlage, affiche Thomas Meignan. La réponse est proportionnelle à l’apport de lin. Dès l’ajout de 173 g/jour, on gagne 0,4 kg de lait pour une primipare, 0,76 pour une vache en 4e lactation. Le gain maximum est de 1,3 kg pour une vache adulte qui reçoit 789 g de lin ». Comme pressenti, l’ajout de lin fait baisser le TB mais aussi le TP. « La baisse du TP est d’au maximum 0,9 g/litre pour une ration contenant 789 g de lin. Elle suit l’augmentation de la production. La baisse de TP reste faible, 0,1 g en moins pour une distribution de 427 g », chiffre Thomas Meignan.

S’il y a une légère baisse des taux, l’augmentation de la production permet un gain de matières grasse et protéique produites par jour.  « La vache moyenne de notre étude aura produit entre 13 et 22 g de matières grasses et 18 et 32 g de matières protéiques en plus chaque jour grâce au lin », avance Thomas Meignan.

Question repro, l’ajout de lin permet de gagner de 3 à 5 jours sur l’intervalle vêlage/IA fécondante. Ce qui est déjà conséquent : la moyenne de troupeaux est à 85 jours, les meilleurs à 75 jours. « Même à petite dose, 27 g de moyenne, le lin a un effet bénéfique sur la mise à la reproduction, note Thomas Meignan. Cela s’explique par sa teneur en Omégas 3, acides gras qui participent à la synthèse des hormones ». Des résultats qui contrecarrent l’idée reçue que l’augmentation de la production se fait au détriment de la reproduction.

Reste quelques points que l’étude n’a pas abordés. « Nous n’avons pas pris en compte le temps de travail, reconnait Nathalie Bareille. Si les vaches sont plus productives, il en faudra moins pour faire la même référence. De même, si les vaches retiennent mieux, il y aura moins de retour à détecter ».

Se pose aussi la question de l’impact sur la santé d’une ration riche en lin. Qui dit production qui augmente, dit plus de risques de mammites ? « C’est ce qu’on pourrait craindre, reconnait Thomas Meignan. Mais, les rations riches en lin n’ont pas d’effet sur la survenue des mammites. Qu’elles mangent ou non du lin, les vaches ont autant de mammites. C’est sur leur guérison qu’on a vu un impact positif. Avec les rations au lin, les mammites se guérissent mieux ». Autant d’atouts pour cette culture !