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Bilan météorologique

Une année 2017 encore chaude en France


Alimentation et fourrages le 12/01/2018 à 16:25
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Décembre de saison a bouclé une nouvelle année chaude en France dans le contexte de réchauffement climatique, et ce malgré un démarrage très froid en janvier. Voici le bilan climatique de cette année 2017 en France établi par Frédéric Decker, de MeteoNews.

Le dernier mois de l’année a été « de saison », avec un écart thermique de – 0,1 degré par rapport à la normale. Le froid de la première décade a été compensé par la douceur de la deuxième quinzaine, avec un pic de douceur pour la Saint-Sylvestre avec 15 degrés et plus sur les trois-quarts du pays.

Pas de froid excessif, ni de pic de douceur record malgré ce dernier jour très doux. Un mois de décembre très classique thermiquement parlant. Les gelées ont été toutefois plus rares qu’habituellement en raison d’une couverture nuageuse omniprésente. La très relative douceur nocturne a été compensée par une relative fraîcheur diurne.

La température moyenne annuelle nationale atteint 13,01 degrés, soit 0,7 degré d’excédent. Cet écart remarquable place 2017 en septième position des années les plus chaudes derrière : 1994 : 13,03 degrés ; 2006 : 13,07 degrés ; 2003 : 13,11 degrés ; 2011 : 13,13 degrés ; 2015 : 13,18 degrés ; 2014 : 13,43 degrés.

Les mois de février, mars, mai, juin et octobre se sont démarqués avec des excédents thermiques très conséquents, de 1 degré et plus. A l’inverse, janvier, septembre et novembre ont été frais voire froids. La France a d’ailleurs connu son automne le plus frais depuis 2010.

Cette nouvelle année chaude s’inscrit dans le contexte de réchauffement climatique entamé il y a près de 40 ans. Le température moyenne nationale de la décennie actuelle atteint 12,86 degrés contre 12,67 degrés dans les années 2000, 12,39 degrés dans les années 90, 11,93 degrés dans les années 80 et 11,00 degrés dans les années 70. Les années 60 furent les plus fraîches du XXe siècle avec 10,94 degrés. Le réchauffement entre les années 60 et 2010 atteint 1,92 degrés, et ce malgré un ralentissement du réchauffement ces vingt dernières années.

Le retour de pluies excédentaires en décembre n’a pas suffi à renverser la tendance sèche de cette année 2017, troisième année consécutive déficitaire en précipitations sur l’Hexagone. 99 mm, c’est le cumul moyen national en décembre pour une normale de 76 mm, soit un excédent notable de 30 %. Un apport en eau qui tombe à point, au cœur de la saison de remplissage des nappes phréatiques.

Décembre est seulement le troisième mois excédentaire de l’année après février et mars. Sur l’ensemble de l’année, la France n’a reçu que 653 mm contre 769 mm de normale, soit un déficit de 15 %. Il n’était tombé que 739 mm en moyenne nationale en 2016 et 642 mm en 2015. Ce déficit récurrent a entraîné une sécheresse de surface et de profondeur marquée, en particulier dans le sud et l’ouest de la France. Depuis 1945, neuf années ont été plus sèches que 2017 avec un record en 1989 et 550 mm.

L’astre du jour a été généreux sur la France en 2017, et ce malgré des mois de juillet, août et septembre bien sombres. Ce bon ensoleillement est atteint grâce aux mois de janvier, avril, mai, juin, octobre et novembre, largement au-dessus des normales de saison. Décembre a renoué avec une faible durée, une des plus faibles de ces 15 dernières années avec 62 heures pour une normale de 78 heures, et un minimum record atteint en 2002 avec 44 heures seulement. Sur l’ensemble de l’année, le soleil a brillé 2065 heures sur l’Hexagone pour une normale de 1979 heures. Bien qu’élevé, ce chiffre n’est pas exceptionnel, dépassé vingt-et-une fois depuis 1945. Nous restons très loin du record de 1949 qui comptabilisait 2309 heures de présence du soleil !

Les deux vagues de froid de janvier furent modérées mais assez durables. Alimentées en air très sec, elles n’ont été que rarement et localement accompagnées de neige. Il fait jusqu’à – 16 à Luxeuil. Entre les deux, la tempête Egon souffle violemment le 12 janvier.

Début février, trois tempêtes successives frappent le pays, en particulier les régions du centre-ouest (127 km/h à Clermont-Ferrand, 120 à Bordeaux, 111 km/h à Biarritz…).

Le 6 mars, la tempête Zeus concerne de nombreuses régions : 193 km/h à Camaret (Finistère), 190 km/h à Ouessant (Finistère), 184 km/h au Dramont (Var), 157 km/h à Ajaccio… Fin mars, une « vague de chaleur » précoce sévit avec un pic le 30, jusqu’à 27 degrés dans le sud-ouest.

Nouveau coup de chaud précoce les 8 et 9 avril, jusqu’à 28 degrés au Mans et 29 degrés à Dax (Landes). Du 19 au 22 avril puis du 26 au 30 avril, un froid tardif s’invite avec des gelées destructrices pour l’agriculture, en particulier les vignobles, et des giboulées de neige tardives les 26, 27 et 28.

Une vague de chaleur précoce déferle sur le pays fin mai, avec plus de 30 degrés sur les deux-tiers du pays.

Du 19 au 24 juin, une canicule particulièrement précoce et intense s’abat sur l’hexagone avec des pointes à 37-38 degrés fréquentes. Des canicules se succèdent en juillet jusqu’à début août dans le sud de la France. L’ensoleillement de juillet est faible sur le nord et l’ouest. Août reste estival dans le sud, alors que des vagues orageuses successives traversent de nombreuses régions de la moitié nord, occasionnant parfois des dégâts et des inondations.

Septembre est froid. La neige blanchit tous les sommets mi-septembre, y compris les Vosges.

Du 13 au 16 octobre, l’ancien ouragan Ophelia conserve ses caractéristiques jusqu’aux portes de l’Irlande. La Bretagne et les régions du nord-ouest subissent un ciel « de fin du monde »… Il faut attendre le 19 octobre pour voir enfin le premier épisode méditerranéen. Il restera toutefois modéré. Octobre est chaud, notamment entre le 15 et le 26.

A partir de fin novembre, il neige abondamment sur les massifs, chutes de neige fréquentes et abondantes qui persistent tout le mois de décembre, donnant un enneigement remarquable pour un début de saison. Coups de vent et tempêtes se succèdent en milieu puis fin de mois de décembre, provoquant des dégâts parfois importants.

En conclusion : Une année chaude (7e plus chaude puis 1945), sèche et ensoleillée, en particulier le printemps, juin et octobre. La couverture nuageuse souvent importante et une certaine humidité ont donné un ressenti plus mitigé en juillet et août, en particulier sur la moitié nord.