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Vins et spiritueux

Exportations françaises « historiques » en 2017


Viticulture le 14/02/2018 à 19:09

Les exportations françaises de vins et spiritueux ont franchi un nouveau record « historique » en 2017, avec une progression d'un milliard d'euros du chiffre d'affaires à l'étranger, a annoncé mardi la Fédération des exportateurs.

L’an passé au total, la France a expédié 198,6 millions de caisses de 12 bouteilles de vins ou d’alcools dans le monde, soit 5 % de plus que l’année précédente, qui ont rapporté 12,9 milliards d’euros, soit une progression de 8,5 %, selon les données fournies par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).

Cette « remarquable » performance « consolide la place du secteur au rang de second excédent commercial de la France, avec 11,5 milliards d’euros », et « porte haut les couleurs de la Maison France partout dans le monde » a jugé Antoine Leccia, président de la FEVS.

Comme en 2016, le cognac a tiré les exportations (+ 8,7 % en volume et + 10,8 % en valeur), mais les expéditions de vins ont aussi repris des couleurs avec une hausse de 6 % en volume et de 9,6 % en valeur, après quatre ans de marasme dû à leur manque de compétitivité face aux vins italiens et espagnols. « Il y a eu une remontée des prix italiens et espagnols, dont la baisse n’était pas tenable sur le long terme pour assurer une rentabilité, et une stabilité des prix français » a expliqué Antoine Leccia. 

L’envolée doit aussi aux très bons résultats des vins pétillants, champagne en tête, qui bénéficient de la « soif mondiale pour les vins effervescents dans le monde », a estimé Juliette Monmousseau, directeur-général de Bouvet-Ladubay, un vin effervescent de la région de Saumur (Loire). « Nous pourrions presque remercier l’Italie et son Prosecco, qui ont mis à la mode la consommation plus quotidienne de vins effervescents, la tendance va continuer et profite aussi bien aux champagnes qu’aux vins de Loire, d’Alsace, de Bourgogne, Limoux, Die, ou même de Savoie », a-t-elle ajouté. L’an passé, la France a ainsi exporté 20,5 millions de caisses de vins effervescents (+ 7,9 %) dont 12,5 millions de caisses de champagne (+ 4,3 %). La progression la plus spectaculaire revient aux vins mousseux non AOC, moins chers et plus compétitifs face au Prosecco et autres Cavas : un bond de 14,9 % en volume et de 17,8 % en valeur. 

La dynamique sur le vin a profité à toutes les régions viticoles, avec près de 145 millions de caisses de vin expédiées (+ 6 %), soulignant aussi une forte demande de bio à l’exportation, en particulier au Japon. Après les incertitudes dues au Brexit de l’an passé, les ventes dans l’Union européenne sont reparties à la hausse (+ 4,5 %), mais la croissance résulte à plus de 80 % de l’appétit des consommateurs dans les pays dits tiers (Etats-Unis, Asie..) pour les alcools français.

Les Etats-Unis sont ainsi restés le premier marché, avec un chiffre d’affaires désormais supérieur à 3 milliards d’euros (+ 10 %). La Chine a aussi poursuivi sa croissance, avec un chiffre d’affaires supérieur à 1,2 milliard d’euros, une hausse de 25 %, portée par l’essor des classes moyennes et l’urbanisation de la population.

La seule région de Bordeaux a exporté 100 millions de bouteilles en Chine, a indiqué Georges Hauslalter, négociant et membre du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux). Du coup, la Fédération des exportateurs suit de très près les accords internationaux de libéralisation commerciale tout juste signés par l’UE avec le Japon, le Canada (Ceta), ou en négociation avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). « Il est primordial pour nous de poursuivre des accords de libre-échange ambitieux car le développement de la filière se fait sur les pays tiers », a dit Nicolas Ozanam, directeur-général de la FEVS.

Seule note d’inquiétude, le Brexit, la Grande-Bretagne étant le deuxième client des vins et alcools français. Les Bordelais se disent « sereins » sur le sujet. « Cela fait 800 ans qu’on vend du « claret » (vin de Bordeaux, NDLR) en Angleterre et seulement 40 ans qu’ils sont dans l’UE », fait valoir Georges Haushalter. « L’inquiétude porte surtout sur les vins à moins de 10 euros, car la baisse de la livre pourrait affaiblir les volumes » a ajouté Antoine Leccia.