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Explosion à Dieppe dans l'usine Saipol

Les causes encore inconnues selon le procureur


Économie et gestion le 23/02/2018 à 10:35

Les causes de l'explosion qui a fait deux morts samedi dernier à l'usine Saipol à Dieppe ne sont pas encore connues, selon le procureur, et le site pourrait rester fermé « plusieurs mois », selon un porte-parole du groupe Avril, propriétaire de l'usine.

Interrogé par l’AFP, le procureur de la République de Dieppe, Yves Dupas, s’est refusé, à ce stade de l’enquête, à s’exprimer sur les causes de l’explosion. « Les investigations se poursuivent, a-t-il déclaré. Nous avons auditionné les salariés et des dirigeants de l’entreprise Saipol et de la société sous-traitante » à laquelle appartenaient les deux techniciens décédés. « L’enquête va être longue et lourde avec de nombreux paramètres techniques à vérifier », a expliqué le magistrat, indiquant que « personne n’avait été placé en garde à vue à ce stade ».

Interrogé sur les causes de la mort des deux employés, le procureur a déclaré que « les autopsies avaient été réalisées », mais qu’il attendait les résultats « d’autres examens complémentaires avant de communiquer sur le sujet ». L’unité va rester à l’arrêt total « pour une durée longue qui pourrait aller jusqu’à plusieurs mois », a pour sa part indiqué à l’AFP un porte-parole du groupe Avril (ex-Sofiprotéol), propriétaire du site.

A ce stade, la quarantaine de salariés travaille, en rotation, à la mise en sécurité et à la surveillance du site. « Les contrats de travail et les rémunérations sont maintenus. Une demande d’autorisation d’activité partielle va être lancée au courant de la semaine prochaine », a annoncé le porte-parole.

« C’est encore le temps du deuil », a commenté le député Sébastien Jumel (PCF), ancien maire de la ville, selon lequel les deux victimes, employées de l’entreprise sous-traitante SNAD, spécialisée dans la maintenance, étaient « un père de famille de quatre enfants et un jeune homme de 26 ans ». Outre le drame humain, l’élu communiste s’inquiète des conséquences économiques pour la ville de Dieppe car « Saipol représentait 30 % des recettes annuelles du port de commerce », a-t-il dit.

Suite à l’explosion, des rumeurs évoquent une possible « vétusté » de l’usine. Interrogé à ce sujet, Sébastien Jumel a répondu : « ceux qui tiennent ce discours ne savent pas de quoi ils parlent ». Sur cette vétusté évoquée, le porte-parole du groupe Avril a déclaré : « Depuis 20 ans, le groupe Avril a investi entre 1 et 1,5 million d’euros chaque année dans cette usine. La veille de l’accident, une inspection de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement avait conclu à l’absence d’anomalie », a-t-il dit.

Mais, pour Pascal Gricourt, délégué central CGT Saipol, « le site était vétuste (…) C’est l’une des plus anciennes (usines) du groupe Avril, reconstruite après-guerre avec les crédits du plan Marshall. La plupart des investissements réalisés ont concerné la prévention et les réparations », a exposé le responsable syndical. « Ce n’est pas à Dieppe que le propriétaire investissait pour faire monter en gamme l’outil industriel », a poursuivi Pascal Gricourt. Le représentant syndical a indiqué par ailleurs qu’il ne serait « pas étonné » que le site recèle de l’amiante comme le présume la CGT du syndicat départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Seine-Maritime, qui y est intervenu quelques instants après l’explosion.

Se voulant rassurant sur le sujet, le porte-parole du groupe Avril a affirmé : « un laboratoire d’analyses indépendant est venu effectuer des prélèvements » mercredi « autour du bâtiment et de la zone et aucune trace d’amiante n’a été relevée ».

Directement connectée au port de Dieppe, l’usine Saipol transforme des graines, principalement de colza, pour en faire de l’huile utilisée dans la fabrication de biodiesel, et des tourteaux pour l’alimentation animale. L’installation n’est pas classée Seveso mais seulement soumise à autorisation administrative d’exploitation, avait précisé la préfecture.