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Marché du blé

La Russie poursuit sa domination, en attendant une très bonne récolte 2018


Tendance des marchés le 20/03/2018 à 18:28
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La Russie continue d’exporter à un rythme soutenu et assoit un peu plus sa domination sur le marché mondial du blé, au grand dam des opérateurs français. Et 94 % des cultures en place sortent d’un hiver favorable dans un état « bon à excellent », le premier signe d’une récolte 2018 exceptionnelle.

Rien ne semble arrêter la Russie sur le marché mondial du blé ! Les opérateurs et les représentants de FranceAgriMer ont de plus en plus de mal à afficher leur optimisme du début de la campagne de commercialisation 2017-2018. A l’automne, FranceAgriMer indiquait que, traditionnellement, la production russe s’exportait essentiellement en première partie de campagne de commercialisation. Or, à l’issue de son conseil spécialisé céréales de la mi-mars, les représentants de l’établissement public ne pouvaient que constater la poursuite, à un rythme soutenu, des exportations russes. « La Russie a encore des céréales à vendre et assoit sa domination sur les marchés », explique Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer.

En février 2018, le pays s’imposant comme le premier exportateur mondial de blé a expédié 3 Mt de de grains, contre 1,8 Mt en février 2017. Et sur la première semaine de mars, le pays avait déjà vendu 600 000 tonnes. Une dynamique telle que l’USDA, le département américain à l’agriculture, a relevé son estimation des exportations russes pour la campagne 2017-2018 de 1,5 Mt dans son rapport mensuel publié le 8 mars. La Russie devrait exporter, selon l’organisme américain, environ 37,5 Mt. Un chiffre bien plus élevé que la prévision de 30 Mt publiée par d’UkrAgroConsult et reprise par FranceAgriMer en septembre dernier.

Blé tendre : les exportations russes se maintiennent à un niveau très élevé

Le débouché égyptien semble symptomatique de l’hégémonie russe. Depuis le début de la campagne, le Gasc, l’office public égyptien, a une nette préférence pour les blés russes, de bonne qualité et très compétitifs. Au 6 mars 2018, le premier importateur mondial de blé avait acheté 4,68 Mt de blé à la Russie, soit 38 % de plus que l’an passé. A la même date, le compteur des exportations françaises vers le pays méditerranéen reste bloqué à un seul appel d’offre obtenu pour 60 000 t. En 2015-2016, la France avait envoyé 10 fois plus de grains vers l’Égypte. Le résultat de cette année est même, pour l’heure, moins bon que l’an passé, malgré la piètre récolte française, deux appels d’offres avaient été obtenus en février 2017.

Toujours au 6 mars 2018, l’Égypte a atteint 80 % de son objectif d’importations de blé pour la campagne, fixé à 7 Mt. La Russie a raflé 81 % du marché, la Roumanie 13 %, l’Ukraine 5 % et la France 1 %.

Plus globalement, FranceAgriMer a révisé à la baisse sa prévision d’exportations de blé tendre vers pays tiers de 500 000 t. Les perspectives 2017-2018 passent ainsi de 9 Mt à 8,5 Mt.

Blé tendre : Les embarquements français vers pays tiers 2017-2018 très en-dessous du niveau de la campagne 2015-2016

La parité euro-dollar, l’un des principaux freins à la compétitivité des blés français à l’export, évolue encore en défaveur de la France. Au 13 mars, l’euro valait 1,238 dollar, contre 1,19 dollar en décembre 2017. Dans ce contexte, la matinée d’information sur la concurrence russe, organisée par France Export Céréales mercredi 21 mars 2018 à Paris, risque d’être particulièrement suivie.

Une parité euro-dollar qui se dégrade encore pour la compétitivité des blés français

Et l’hégémonie russe sur le marché du blé pourrait bien se poursuivre l’an prochain. Les conditions de cultures pour la récolte 2018 s’annoncent une nouvelle fois très favorables aux producteurs russes. « La vague de froid n’a causé aucun dégât aux blés russes. La couverture neigeuse était bonne. À fin février, 94,7 % des blés étaient jugés « bons à excellents », comme l’an passé. Une très bonne santé des cultures que l’on peut mettre au rang des premiers signes d’une nouvelle récolte record. Ceci dit, les conditions météorologiques sont suffisamment changeantes pour ne pas exclure un incident climatique d’envergure d’ici la sortie des moissonneuses. La sérénité est aussi de mise chez les producteurs ukrainiens. « Les céréales d’hiver sont dans les meilleures conditions depuis quatre ans », relève FranceAgriMer.