Accéder au contenu principal
Retard dans la mise à l'herbe

Hervé Pape : « Mes vaches sont sorties une semaine en février mais pas depuis »


Alimentation et fourrages le 30/03/2018 à 06:06
fiches_Francoise_Guillois_photo

Après un automne pluvieux, un hiver humide et un coup de froid en mars, les prairies ont du mal à redémarrer. Dans l’Ouest, la mise à l’herbe a pris du retard et les éleveurs s’inquiètent devant les stocks qui fondent.

Presque un mois de retard. « L’an dernier, qui était une année assez précoce, nous avions sorti les vaches le 13 février, se souvient Mickael Heurtin, éleveur laitier à Domloup (35). Normalement, nous les sortons toujours en février. Cette année, il a fallu attendre le 12 mars. Et encore, elles ne sortent pas tous les jours ». Avec ce retard, le stock de maïs en prend un coup. « Ça va être encore plus serré que d’habitude, craint l’éleveur. L’été avait été sec et les rendements en maïs pas géniaux, les vaches rentrées plus tôt en décembre. 4 semaines en moins d’herbe pour nos 90 vaches et nos 30 génisses, c’est l’équivalent 1,5 ha de maïs ». La facture va aussi monter pour le correcteur azoté qu’il faut continuer à distribuer.

Même constat de retard chez Hervé Pape, à La Martyre (29). « Dans notre zone, humide, on est souvent dans les derniers à sortir mais cette année est hors normes. J’ai sorti mes vaches une petite semaine fin février, dans des conditions limites. Depuis elles sont rentrées. Sur mes terrains peu portants, si les vaches sortent, elles vont tout abîmer. De toute façon, l’herbe ne pousse pas bien ». Comme dans cette zone du nord Finistère, la récolte de maïs a été bonne et qu’il a encore du stock, l’éleveur préserve le potentiel de ses prairies. « Je préfère attendre que de tout massacrer, reconnait Hervé Pape. Sortir un jour de temps en temps, ça rend les vaches nerveuses et je ne trouve pas ça top au niveau alimentaire ».

Chez l’un comme l’autre, c’est du côté du stock de paille qu’on s’inquiète. « On va devoir encore en acheter », craignent-ils. Autre conséquence, le retard de mise à l’herbe perturbe le comportement des animaux. « Les chaleurs s’expriment moins bien en bâtiment et on a plus de mammites », déplore Mickaël Heurtin.

Plus que la quantité, c’est la constance de la pluviométrie qui perturbe cette mise à l’herbe. « Il avait beaucoup plu en novembre et décembre. Sur janvier, février et la moitié de mars, j’ai relevé 170 mm, chiffre Mickaël Heurtin. C’est pas énorme mais sur des sols gorgés et sans temps séchant, ça donne des parcelles toujours humides ». « Le coup de froid de mars a encore ralenti la pousse, complète Hervé Pape. On dirait des parcelles de février alors qu’on est le 26 mars ».

En plus des conséquences sur l’alimentation du troupeau, le retard de mise à l’herbe désorganise tous les autres travaux. « Mes fosses à lisier sont pleines. Comme je ne peux pas rentrer sur les pâtures, je n’ai pas encore pu apporter le lisier », regrette Hervé Pape. Les épandages retardés vont aussi se télescoper avec les autres travaux culturaux. Reste à espérer de bonnes conditions pour le reste du printemps pour relancer la saison de pâturage.