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Trésorerie, contrats, assurances

Quelles couvertures face à la volatilité des prix ?


Non classé le 03/04/2018 à 18:00
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En quelques années, l'instabilité des prix est devenue une problématique centrale du quotidien de la majorité des agriculteurs français. Face à cette situation, une prévention du risque s'impose, pour que ces aléas ne conduisent pas à des catastrophes. Tour d'horizon des possibilités de couverture.

« Aujourd’hui, on a qu’une seule certitude, c’est qu’il y a de la volatilité partout ». Francis Declerck, professeur au département Finance de l’Essec Business School, présidait une table ronde sur les couvertures à adopter face à la volatilité des prix, dans le cadre du premier colloque international sur la gestion des risques en agriculture, organisé entre les murs du collège des Bernardins, à Paris, le 22 et 23 février.

Un débat dans l’air du temps. Et pour cause : la volatilité des prix est un phénomène relativement récent. « Pendant des décennies, on a transféré le risque de volatilité à la Commission européenne, qui garantissait les prix. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de productions qui échappent à la volatilité, d’autant plus depuis la fin des quotas laitiers », précise le professeur.

« Aujourd’hui, on parle de plus en plus de volatilité car elle touche quasiment tous les compartiments et tous les secteurs agricoles », confirme Jean-Christophe Roubin, directeur de l’agriculture au Crédit agricole. De plus, l’évolution des prix est devenue « permanente », et non plus « conjoncturelle » sur les marchés agricoles. « Une chose est sûre, il n’y a plus d’incertitude et la sécurité appartient au monde d’hier », regrette-t-il.

Cette montée de l’incertitude empêche les agriculteurs de prévoir et travailler sur des plans de financements à long terme. « En tant que banquier, nous avons beaucoup de mal à accorder des financements dans ce contexte », concède Jean-Christophe Roubin du Crédit Agricole. « L’objectif de ces prochaines années sera de savoir comment transférer ce risque vers d’autres acteurs », complète Francis Declerck.

Comment faire face à cette situation ? Certains y parviennent grâce à des contrats réalisés à prix fixes. C’est le cas des exploitations qui évoluent sur des marchés de niches, mais aussi dans certaines productions de légumes destinés aux conserves. D’autres ressentent moins les conséquences de la volatilité car ils diversifient leur production. Les exploitations polycultures sont beaucoup plus solides lorsque le prix de l’une de leurs marchandises baisse brusquement.

Un autre moyen de prévenir le risque de volatilité est « d’avoir des réserves », conseille Francis Declerck. Bruno Le Maire et Stéphane Travert ont d’ailleurs lancé un chantier de « concertation » le 16 février dernier pour réformer la fiscalité agricole, afin notamment d’encourager les exploitants à investir dans des produits d’épargne. Problème : parfois, les aléas durent plusieurs années. À certains moment, il n’y a plus rien à épargner, ce qui rend l’entreprise très vulnérable.

Certains produits financiers offrent également aux exploitants la possibilité de limiter les risques. C’est par exemple le cas des contrats à terme, qui permettent de vendre une quantité convenue de marchandise à un prix convenu pour une date déterminée dans le futur. L’option peut également être un moyen de se couvrir face à une évolution du prix. Elle permet de déterminer un prix à l’avance, valable pour toute une période donnée moyennant le paiement d’une prime.

Depuis 2016 certains assureurs ont commencé à s’intéresser au problème de la volatilité. C’est le cas de Pacifica, la branche assurance du Crédit Agricole, et de Groupama. Les deux assureurs ont lancé, en complément de leurs assurances climatiques, un outil permettant de couvrir la volatilité des prix. Objectif  : garantir un chiffre d’affaires minimum pour l’agriculteur, pour réduire sa vulnérabilité face aux évolutions du marché.

Les assureurs définissent un rendement, basé sur la moyenne des rendements historiques de l’exploitation sur cinq ans, ainsi qu’un prix minimum, calculé sur la base des contrats à terme proposés par Euronext. Si le chiffre d’affaires final de l’entreprise est en dessous de ces prévisions, l’assureur remboursera la différence. Pour l’instant, ces offres ont été lancées à titre de test sur plus de 200 agriculteurs en 2017 pour Pacifica, et aux producteurs de colza, blé tendre et maïs grain de certains départements pour Groupama.