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Maltraitance dans un abattoir d'Aveyron

Prison avec sursis requise contre un dirigeant


AFP le 21/09/2023 à 07:50

Le parquet de Rodez a requis mercredi jusqu'à six mois de prison avec sursis contre les anciens dirigeants d'un abattoir de l'Aveyron pour des actes de maltraitance envers des agneaux, dénoncés par une vidéo de l'association de défense des animaux L214.

La vidéo, diffusée en juin 2020, montrait des agneaux issus de la filière roquefort se faire égorger alors qu’ils semblaient encore conscients. Elle reprenait également des extraits d’un rapport des services vétérinaires de 2016 qui signalait déjà des pratiques de mise à mort non conformes avec la réglementation. Après la diffusion de la vidéo, le ministère de l’Agriculture avait suspendu l’agrément d’Arcadie Sud Ouest, la société gérant l’abattoir, en évoquant des « pratiques inacceptables ». L’abattoir a depuis été repris par une coopérative.

Trois ans plus tard, l’ancien directeur du site, son directeur de production et le directeur général d’Arcadie ont reconnu devant le tribunal « un non-respect des bonnes pratiques » et « des actes accidentels », qu’ils ont expliqué par un manque de personnel.

Me Stéphanie Boutaric, l’une des avocates de la défense, a regretté que seuls les dirigeants de l’abattoir comparaissent devant la justice : « Où sont les opérateurs ? Où sont les 17 vétérinaires qui intervenaient sur site et qui n’ont rien fait ? », a-t-elle soulevé.

« Dans ce dossier, chacun se renvoie la responsabilité et ferme les yeux sur sa participation », a tranché la procureure Esther Paillette. Elle a dénoncé « une inaction totale des dirigeants de l’entreprise, alors que les mises en demeure ont été particulièrement nombreuses » après le rapport de 2016.

La procureure a ainsi requis la peine la plus lourde, six mois de prison avec sursis, contre le directeur du site, considérant qu’il avait « laissé faire avec un rôle central ».

Elle a demandé 4 000 euros d’amende à l’encontre du directeur général d’Arcadie et 2 000 euros d’amende pour le directeur de production du site.

Contre l’entreprise, en liquidation judiciaire depuis juillet 2020, la procureure a requis 50 000 euros d’amende.

Le jugement a été mis en délibéré au 18 octobre.

« Les règles de bien-être animal sont minimes et on ne les respecte même pas », a regretté Me Hélène Thouy, avocate de L214, partie civile dans cette affaire.

En mai, le tribunal administratif de Montpellier avait déjà condamné l’Etat à verser 4 500 euros à L214 dans cette affaire, pour avoir laissé se poursuivre les actes de maltraitance en ne mettant pas en place des contrôles suffisants.