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Engraissement

Des broutards pour valoriser le petit lait dans les alpages


TNC le 18/06/2018 à 06:00
fiches_lactobeef

Il y a quelques années, le centre de recherche agricole suisse s'est penché sur la valorisation du petit lait issu de la fabrication fromagère en alpage. Leurs résultats montrent qu'il est possible d'engraisser des broutards avec ce coproduit qui semble avoir une valeur énergétique proche de l'orge, soit un atout pour la finition des animaux.

Les zones d’alpages suisses étant confrontées à une double problématique (l’avancée de la forêt et la gestion du petit lait issu de la fabrication de fromages d’alpage), le centre de recherche Agroscope a mené entre 2012 et 2013 le projet Lactobeef. L’objectif était d’examiner la faisabilité technique et économique de la production de bovins à viande nourris au petit lait, directement en alpage.

90 % du volume de lait utilisé pour la fabrication fromagère se retrouve sous forme de petit lait, ce qui représente une charge environnementale importante si celui-ci n’est pas valorisé. Les porcs, comparés aux bovins ne peuvent en valoriser qu’une quantité limitée. De plus, augmenter la quantité de bovins en alpages permet de freiner l’avancée de la forêt et la perte de biodiversité de la Suisse.

Dans les essais mis en place, le petit lait était distribué chaud directement après la fabrication, une seule fois par jour. Les résultats montrent qu’il peut être consommé à raison de 33 litres/animal/j sans effet négatif sur leur santé. Sa valeur énergétique, proche de celle de l’orge, complète le pâturage et permet une finition idéale des animaux. Quelle que soit la race (les animaux testés étaient des Angus, Limousins et croisés), la qualité des carcasses et la qualité sensorielle de la viande semblaient comparables à celles des bovins en pâturage seul, excepté pour la couverture en graisse légèrement supérieure avec le petit lait.

L’expérience a aussi révélé que les animaux complémentés au petit lait réduisent leurs émissions de méthane de l’ordre de – 30 %. Ce phénomène s’explique par l’augmentation de la vitesse de transit et les quantités de lipides insaturés.

Les techniciens conseillent de mettre des animaux déjà sevrés et d’environ 15 mois (un an au minimum) dans les lots conduits au petit lait. Les broutards doivent d’ailleurs avoir été habitués à boire du petit lait au préalable (la préparation se fait avant l’estive). Concernant la mise en place, il faut que la parcelle et le point d’abreuvage soient accessibles pour la distribution quotidienne. En consommant du petit lait, les bovins de l’étude semblaient boire moins d’eau, ce qui est un point intéressant lorsque que l’acheminement de l’eau devient compliqué en montagne.

En valorisant ce « sous-produit » par l’introduction d’un atelier d’engraissement, les éleveurs diversifient leur production. Cette technique pourrait même devenir une filière à part entière, d’autant plus que la viande des animaux ayant consommé du petit lait est identifiable par rapport aux autres viandes grâce à ses acides gras. La Suisse évoquait d’ailleurs un label « viande des alpages ».