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Action contre le vin espagnol

5 viticulteurs poursuivis pour association de malfaiteurs relaxés à Montpellier


AFP le 21/06/2018 à 17:38

Cinq viticulteurs languedociens prévenus d'association de malfaiteurs ont été relaxés jeudi par le tribunal correctionnel de Montpellier qui a estimé que l'infraction n'était « pas caractérisée », ni sur le plan matériel ni au niveau de l'intention.

Lors de l’audience, le 17 avril, un à deux ans de prison avec sursis avaient été requis contre les cinq hommes : un sexagénaire, trois quinquagénaires et un trentenaire, poursuivis pour avoir voulu mener en mai 2017 une action clandestine de protestation dans le Bordelais au nom du Comité régional d’action viticole (Crav), sorte de « bras armé » de la viticulture languedocienne.

« Habituellement, cette infraction (d’association de malfaiteurs), on l’applique à des braqueurs, des trafiquants, des criminels, mais là, on l’applique à des gens qui, le reste du temps, sont des travailleurs et ont sans doute des motifs de mener une action collective mais pas des délits », avait estimé le procureur de la République à Montpellier Christophe Barret dans son réquisitoire. « Certains avaient peut-être pris l’habitude de croire qu’ils étaient intouchables », avait-il ajouté.

Le 3 mai 2017, un convoi de 32 viticulteurs, venus en majorité du Gard et de l’Hérault, avait été intercepté au péage de Saint-Selve, en Gironde. Dans leurs véhicules avaient été découverts cinq haches, trois masses, 60 litres de gazole, un chalumeau, une grosse bombe lacrymogène et des cocktails Molotov. Les cinq hommes avaient été placés en garde à vue en janvier 2018 et convoqués devant le tribunal correctionnel sans être mis en examen.

Le tribunal a souligné jeudi que la cible visée lors de cette expédition n’avait « pas pu être déterminée » au cours de l’enquête et du procès. Les avocats de la défense, parmi lesquels Eric Dupond-Moretti, avaient plaidé la relaxe, assurant que le dossier contenait « zéro preuve ».

L’un des viticulteurs a en revanche été condamné à trois mois de prison avec sursis pour détention d’une arme de catégorie B sans autorisation, à une interdiction de port d’arme pendant cinq ans et à la confiscation de l’arme en question trouvée lors de son interpellation en janvier. Il a annoncé son intention de faire appel.

Les viticulteurs languedociens dénoncent régulièrement les importations « déloyales » ou « frauduleuses » de vin étranger, en majorité espagnol, par des négociants et distributeurs qui sont visés par des actions clandestines du Crav ou de ses déclinaisons locales, les comités d’action viticole (CAV).