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[Semis de précision] Colza

Vigueur au départ, économies de semences… et bientôt débit de chantier


TNC le 06/08/2018 à 06:06
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Semis graine à graine ou implantation classique au semoir à céréales ? Pour le colza, la question reste encore difficile à trancher. Si l’impact sur le rendement est généralement limité, l’utilisation d’un semoir de précision présente de nombreux avantages… mais aussi quelques inconvénients. Le débit de chantier, moins élevé, en est le principal. L’arrivée sur le marché de modèles « rapides » pourrait résoudre le problème – à condition d’y mettre le prix.

« P as grand-chose de nouveau sous le soleil », constate Mickaël Géloen, interrogé à propos du choix entre semoir conventionnel ou monograine sur colza. Ingénieur régional à Terres Inovia, le jeune agronome officie en Bourgogne Franche-Comté, l’une des principales régions productrices en France. « Tous les essais effectués aboutissent aux mêmes conclusions : le monograine contribue à un meilleur positionnement et rappui de la graine, avec des levées à la fois plus rapides, vigoureuses et homogènes qu’avec un semoir à céréales. C’est le principal avantage. En revanche, le débit de chantier est faible : on roule à 5-7 km/h, et la largeur est moins grande. » Un paramètre qui a son importance quand les surfaces à semer sont vastes.

« Le semoir de précision garantit surtout une bonne vigueur au départ, intéressante notamment dans les petites terres superficielles ou quand les précipitations sont faibles. Cela sécurise un nombre de pieds au m2, et minimise les problèmes de limaces ou d’altises par la suite. Autre atout : passer la bineuse devient plus facile. Une bonne chose, car avec un semoir à céréales, à socs en particulier, ça bouge toujours un peu et il est plus compliqué de biner derrière. » Néanmoins, si la concurrence entre jeunes plants se fait moins sentir, l’écartement plus important favorise le développement des adventices.

Autre précaution à prendre pour éviter les phénomènes d’élongation d’automne : ne pas dépasser 15 pieds par mètre linéaire et choisir les variétés les moins sensibles (Adriana, DK Explicit ou DK Extorn, Kador). Car s’il est possible d’appliquer un régulateur, cette intervention supplémentaire a un coût non négligeable… et en général peu d’impact.

En plus d’améliorer la levée, l’un des intérêts du semoir de précision est de pouvoir positionner la graine à intervalle régulier, sur et entre les rangs. On réalise ainsi des économies de semences non négligeables, comme le souligne Bernard Huntz, conseiller machinisme à la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne, premier département producteur de colza du midi toulousain : « En fonction de l’état du sol, on peut descendre entre 300 000 et 400 000 graines/ha, voire moins. »

Selon le conseiller, 85 à 90 % des agriculteurs du grand quart sud-ouest se sont équipés en semoirs monograines au cours des 10 dernières années, quand le semoir à céréales reste majoritaire dans les zones céréalières plus au nord. « Nos fenêtres de tir sont limitées et fortement liées aux risques d’orages autour du semis. Le débit de chantier est moins prépondérant. Les exploitants privilégient la levée. La plupart du temps également, les mêmes semoirs implantent les autres cultures à grand écartement : tournesol, maïs, sorgho, soja… La polyvalence du monograine joue clairement en sa faveur. »

Les deux spécialistes s’accordent toutefois sur un point : en ce qui concerne le colza, la différence ne se voit pas à la récolte. Si l’année est favorable, la parcelle et le travail du sol également, et qu’aucun accident ne survient, les rendements seront comparables entre les deux techniques. « Avec un semoir de précision, la levée est meilleure. Les plantes sont plus robustes et l’agriculteur consomme moins de semences, résume Mickael Géloen. Mais lorsque les surfaces de colza sont importantes, il cherchera à accroître le débit de chantier. » Et avec 10 à 15 km/h au compteur, les semoirs à céréales restent quand même plus rapides.

Rien de très neuf donc, à part peut-être l’arrivée d’une nouvelle génération de semoirs monograines dits « rapides ». Benoît Blatteyron, commercial chez le constructeur suédois Väderstad, pointe les qualités du Tempo, un semoir à distribution sous pression de 6 à 18 rangs. « En termes de débit de chantier, un 12 rangs à 50 cm d’écartement (6 m de largeur de travail) fait jeu égal avec les semoirs conventionnels. La roue de rappui en caoutchouc souple tout-terrain augmente encore le contact terre-graine et vu la précision au niveau de la profondeur et de l’intervalle, certains de nos clients descendent jusqu’à 800 grammes de semence/ha, contre 2 à 2,5 kg habituellement. » Grâce à son micro-granulateur et à son disque à engrais, cet outil facilite aussi la mise en place de cultures compagnes du colza, comme la féverole, le trèfle et la vesce. Objectif : relarguer l’azote des légumineuses dans le sol et économiser entre 20 et 30 unités par hectare. Seul hic, le prix : 25 000 € pour un 6 rangs tout équipé et jusqu’à 120 000 € pour un 18 rangs toutes options. « Il faut toujours regarder l’amortissement ; si vous mettez 50 000 € pour 30 ha de colza, vous explosez les plafonds. Mais avec un semoir multi-espèces, convertible rapidement et sans coût supplémentaire, vous rentabilisez l’investissement. Ajoutez-y le débit de chantier, et vous trouverez la plus-value d’un semoir monograine rapide. »