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Aude

Premières vendanges sous la chaleur caniculaire à Fitou


AFP le 07/08/2018 à 10:59

Les petits grains ronds de Muscat ont la saveur acidulée des récoltes précoces : sous la chaleur caniculaire, le village de Fitou (Aude) a donné mardi le coup d'envoi des vendanges françaises, une habitude pour ces terres baignées par le soleil et les vents marins.

À deux pas de la mer et de l’étang de Leucate, s’affairent quatre cueilleurs locaux, la sueur au front sous leur casquette. Ils découpent au sécateur les grappes les plus mûres, d’un vert pâle. Minutieux, ils trient ensuite à la main les grains pourris des bons, avant de ranger le tout dans la hotte d’un porteur.

Comme pratiquement tous les ans, le petit village de Fitou est en avance sur le reste de la France. Laurent Maynadier, ainsi qu’un autre vigneron du coin, est aujourd’hui le tout premier à lancer les récoltes. « Les cépages précoces comme le Muscat sont faits pour être récoltés tôt », explique le vigneron de 48 ans. Mais la région reste particulière, car elle est traditionnellement en avance d’une semaine sur le reste de la France, grâce à son micro-climat. « La proximité de la mer et des étangs fait qu’en hiver on a deux degrés de plus qu’à Narbonne, par exemple, et en été deux degrés de moins », détaille-t-il, les mains dans la vigne.

La plante débute son cycle plus tôt qu’ailleurs et n’est, lors de chaleurs importantes, pas soumise au stress. Elle continue donc de fonctionner quand les autres plantes vont être bloquées par le soleil.

Sur son exploitation biologique de près de six hectares, un hectare et demi est soumis à la récolte dès début août. « Ce sont ces fameux deux degrés qui nous permettent d’être beaucoup plus précoces ! », résume Laurent. Mais vendanger dès début août, c’est aussi synonyme de contraintes, sur cette exploitation de 6 600 pieds par hectares. 

« Faut se couvrir : casquette, tee shirt, crème solaire, c’est obligatoire », juge Gilles Abel, qui vendange pour la sixième fois. Le porteur de 46 ans, qui peut transporter jusqu’à 40 kg dans sa hotte, se déverse un bidet d’eau sur la tête. « Ça tape. Une insolation, c’est vite attrapé ! ».

Pour Léa Garcin, ingénieure agronome de 21 ans, « cette première journée très chaude, c’est difficile ». La jeune fille, les mains pleines de terre, s’astreint à boire à la fin de chaque rang de vigne, pour tenir le coup : ce sont ses premières vendanges. « On est entre 30 et 50 % moins efficace en août qu’en septembre », juge Laurent Maynadier. Du fait de la canicule, « on a un rythme encore moins effréné, bien sûr », concède le vigneron.

Ses saisonniers commencent au petit matin, lorsque les températures sont encore fraîches, et finissent vers midi, contre environ 17 h en temps normal. Sur ce temps réduit, Céline, Léa, Gilles et les autres rempliront tout de même près de 90 comportes de 40 kg chacune, soit près de 3 600 kg de raisins par jour. Les grains passeront ensuite la nuit en chambre froide, avant d’être passés au pressoir puis de fermenter naturellement. « À peu près 6 000 bouteilles » seront commercialisées sous le nom Les Pépettes dès avril de l’année suivante et vendues entre 6 et 8 euros, pour les particuliers.

« Les blancs de l’Aude, c’était un marché très minoritaire dont les ventes ont doublé en quatre ans », estime Jérôme Villaret, délégué général du Conseil Interprofessionnel des Vins AOC du Languedoc. « Les producteurs ont fait un très gros travail de qualité. Il y a une reconnaissance comme pour tout le Languedoc, avec des vins exportés sur le marché japonais et américain ».