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Pommes de terre

Vers une production française et européenne très mauvaise


TNC le 13/08/2018 à 18:36
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Selon l’Union nationale des producteurs de pommes de terre et les producteurs du nord-ouest européen, le niveau de rendement des premiers prélèvements, inférieur de 15 à 25 % à la moyenne pluriannuelle, annonce une très mauvaise récolte 2018 de pommes de terre en France et en Europe.

« À travers la zone NEPG (North-Western European Potato Growers – Producteurs de pommes de terre du nord-ouest européen), de nombreux signaux indiquent que la prochaine récolte sera beaucoup plus faible, et que les problèmes de qualité constitueront un défi majeur à relever », explique le NEPG, qui regroupe les producteurs de pommes de terre français de l’UNPT et leurs homologues européens.

« Si l’on tient compte des informations actuellement disponibles, les experts considèrent que l’on devrait être, au minimum, à un niveau de rendement inférieur de 15 à 25 % à la moyenne pluriannuelle sur le NEPG. »

Selon les producteurs, ce sont la « sécheresse extrême et les températures record qui ont été observées dans les principaux pays producteurs en Europe » qui expliquent cela. Les syndicats estiment « qu’à peine 50 % des surfaces de pommes de terre dans le nord-ouest européen sont irriguées, et malgré les coûts élevés, les pompes d’irrigation fonctionnent jour et nuit ». « Mais dans tous les pays concernés, des mesures de restriction de l’usage de l’eau ont été prises par les administrations régionales. L’irrigation peut être purement et simplement interdite, ou interdite pendant certaines heures de la journée, ou alors les volumes alloués à l’irrigation des pommes de terre peuvent êtres restreints. »

« Les premiers prélèvements réalisés sur les pays NEPG du continent montrent une différence importante entre les parcelles irriguées et les parcelles non irriguées, avec par exemple en moyenne, en France, 13 t/ha brut, en faveur des parcelles irriguées, à ce stade. » « Les parcelles irriguées peuvent avoir encore du potentiel aujourd’hui », selon les organisations. « Mais pour beaucoup de parcelles, la pluie est arrivée trop tard. »

Conséquence en chaîne d’une mauvaise récolte attendue : des difficultés, pour certains producteurs, à honorer leurs contrats avec leurs acheteurs. « Environ 70 % des pommes de terre de consommation, sont, d’une manière ou d’une autre, contractualisés pour transformation. De nombreux producteurs font état d’un risque fort d’incapacité à fournir l’ensemble de leurs volumes contractualisés. »

La question est donc de savoir comment les acheteurs vont réagir et contraindre éventuellement les producteurs à fournir l’ensemble de la marchandise engagée sous contrat, dans un contexte de prix élevés sur le marché libre en cas de rachat de pommes de terre. « Les pertes financières pourraient être majeures pour les producteurs, simplement par l’obligation d’honorer leurs contrats. »

En Belgique, en France et en Allemagne, les syndicats agricoles sont, ou vont entrer, en discussion et demander des rencontres avec les acheteurs dans les jours et semaines à venir. Certains gouvernements sont également sollicités pour reconnaître une situation de « catastrophe naturelle », ce qui permettrait aux producteurs d’invoquer le cas de force majeure auprès de leurs clients, et de ne pas être obligés, le cas échéant, de livrer l’ensemble des volumes contractualisés.

« Le NEPG souhaiterait que ces discussions et les échanges entre les représentants des producteurs et les représentants des acheteurs puissent avoir lieu dans le cadre d’une approche européenne ou nord-ouest européenne, et regretterait une approche individuelle entre chaque acheteur et ses producteurs fournisseurs. Cette campagne, avec des conditions sèches et le changement climatiques sont également des challenges à relever pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, avec la nécessité de revoir les contrats et la gestion des risques dans un avenir proche. L’industrie de transformation des pommes de terre a, chaque année, un besoin croissant en matière première et les risques à la production augmentent proportionnellement. Trop souvent, le risque pèse aujourd’hui systématiquement sur les producteurs. »