Accéder au contenu principal
Coquilles Saint-Jacques

Les marins britanniques veulent être protégés pour pêcher la Saint-Jacques


AFP le 31/08/2018 à 10:04

Les pêcheurs britanniques ont appelé jeudi leur gouvernement à mieux les protéger après les altercations qui les ont opposés dans la Manche à leurs homologues français autour d'un différend sur un gisement de coquilles Saint-Jacques.

Ces tensions, qui durent depuis plusieurs années, se sont envenimées depuis mardi quand une trentaine de navires français ont essayé d’empêcher de travailler cinq navires britanniques au large des côtes normandes. Selon des vidéos des incidents et le récit des pêcheurs, plusieurs bateaux se sont percutés. Les pêcheurs se sont échangés insultes et projectiles, et des fumigènes ont été déclenchés.

« J’aimerais que le gouvernement adopte une position plus ferme contre les Français suite aux agissements de leurs bateaux », a déclaré à l’AFP Andrew Mcleod, capitaine d’un chalutier, via un message envoyé depuis la mer.

Ce marin de 49 ans est basé à Brixham (sud-ouest de l’Angleterre), d’où venaient deux des bateaux visés mardi. Il affirme que les incidents ne dissuaderont pas ses collègues de retourner au même endroit. Les violences relèvent selon lui de la « stratégie française habituelle ».

Par le passé, il a lui-même été la cible « de jets de pierre » et d’autres tentatives d’entraves lors de sortie en mer près des côtes françaises, a-t-il affirmé. Une pétition lancée mercredi sur le site Change.org pour « venir en aide aux pêcheurs de Brixham afin d’obtenir une protection navale contre les Français » avait recueilli près de 1 000 signatures jeudi.

Côté français, les autorités craignent que de tels incidents « se reproduisent très vite ». « Ce qui s’est passé au large de la baie de Seine peut très bien se passer au large des côtes du Tréport et de Dieppe », a averti à l’AFP le maire communiste du Tréport (Seine-Maritime, nord-ouest), Laurent Jacques.

Mardi, les accrochages se sont déroulés dans une zone riche en coquilles Saint-Jacques, à plus de 12 milles marins des côtes françaises, où les Britanniques peuvent pêcher librement toute l’année. Les bateaux français, eux, ne peuvent pêcher le mollusque qu’entre le 16 mai et le 30 septembre, pour préserver leur reproduction. Ils accusent les Britanniques d’épuiser les stocks et demandent que les mêmes règles s’appliquent à tous. Des négociations avaient été entamées entre les représentants de chaque pays, mais ont été interrompues sans parvenir à un accord, provoquant une brutale intensification des tensions cette année. L’accord en vigueur autorise les navires inférieurs à 15 mètres de long à entrer dans les eaux territoriales françaises pendant la période où les marins français ne peuvent pêcher.

Le ministre britannique de l’environnement, Michael Gove, s’est dit « de tout cœur avec les marins britanniques ». « Ils péchaient en toute légalité, ils avaient tout à fait le droit d’être dans ces eaux », a-t-il soutenu. Il a appelé les autorités françaises à leur garantir « le droit de pêcher sans interruption ».

L’affaire a également suscité des commentaires de la part d’élus britanniques pro-Brexit critiques de la politique commune de la pêche. « Ces violences sont choquantes », a écrit sur Twitter le député conservateur Owen Patterson. « Souvenez-vous que les navires britanniques ne devraient pas quitter nos eaux territoriales s’ils avaient une part juste de nos propres ressources ».

Mercredi, la Commission européenne a pressé la France et le Royaume-Uni de trouver une solution « à l’amiable ». Elle a expliqué qu’elle ne pouvait intervenir elle-même dans le conflit, étant donnés les accords spécifiques qui ont été conclus entre les deux pays.