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Sommet de l'élevage 2018

La Turquie fait rêver les éleveurs français


AFP le 04/10/2018 à 10:05

La Turquie fait rêver en France : les éleveurs de bovins, touchés par la crise et la chute des prix, déroulent le tapis rouge au pays qui achète chaque année pour un milliard d'euros de bovins vivants.

Peinant à croire que la loi alimentation votée mardi va leur permettre de gagner leur vie correctement en vendant leurs animaux à la grande distribution en France, les éleveurs de races à viande, largement représentés au Sommet de l’élevage qui a ouvert ses portes mercredi près de Clermont-Ferrand, misent plutôt sur l’exportation.

Après l’Iran l’an passé, ils ont mis la Turquie à l’honneur cette année. « Le potentiel d’achat est très élevé, au total entre 500 000 et 700 000 animaux sont achetés par la Turquie chaque année », dit à l’AFP Kerim Subasi de Business France, conseiller spécialisé dans le marché turc. En premier lieu, les Turcs font leurs achats en Uruguay et au Brésil, ainsi qu’en Hongrie et en République Tchèque dans l’ancienne Europe de l’Est. Le pays achète trois quarts de bovins d’engraissement ou d’abattage et un quart de reproducteurs, pour assurer la postérité de ses troupeaux.

60 jours de quarantaine

Entre autres exigences, la Turquie demandait notamment des moustiquaires dans les étables pour protéger les animaux des insectes vecteurs de la maladie, une condition impossible à mettre en œuvre dans les grandes prairies d’élevage du Massif Central, où les bêtes vivent à l’air libre. Les importateurs turcs préfèreraient aussi une quarantaine sanitaire qui soit « étendue à soixante jours » avant d’accueillir les animaux, afin de lutter contre la propagation des épidémies, indique une source proche du dossier.

La FCO est une maladie virale, transmise par des moucherons (culicoïdes) aux ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages. Deux sérotypes du virus (le numéro 8 et, tout récemment, le numéro 4) sévissent en France continentale. Cette maladie est strictement animale et n’a aucune incidence sur la sécurité sanitaire des denrées (viande, lait, etc.).

Mais entre l’épidémie et les restrictions sanitaires, la part de marché de la France l’an passé n’a pas excédé les 3 % du total des bovins importés par la Turquie, estime le spécialiste du marché. Et ce malgré le bon rendement et la croissance rapide des races à viande françaises. « Nous apprécions la qualité des produits, la santé des animaux et leur performance », explique un responsable de Saray Hali, importateur de bovins à la tête de deux ateliers d’engraissement de 10 000 bovins chacun en Turquie, interrogé par le journal du Sommet de l’élevage.

La délégation turque au Sommet comporte entre 120 et 150 personnes, éleveurs, abatteurs, présidents de coopératives. Mais au pays des maquignons et de la diplomatie de la viande, rien n’est jamais gagné. « Les éleveurs turcs aimeraient que les prix qu’on leur propose ne soient pas trois fois supérieurs à ceux payés par les importateurs italiens », souffle une source proche du dossier qui requiert l’anonymat.