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Sommet de l’élevage, jour 2

Un coton-tige, un pipeau : les éleveurs gâtent « un ministre sourd et muet »


TNC le 04/10/2018 à 16:10
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Pour sa visite officielle du Sommet de l’élevage, jeudi 4 octobre 2018, Stéphane Travert s’est fait légèrement chahuté par des éleveurs insatisfaits de ses réponses concernant la sécheresse et le contenu de la loi Alimentation. Face à la pénurie de fourrages, les éleveurs auvergnats demande un « plan Orsec » agricole.

En visite du Sommet de l’élevage, jeudi 4 octobre, Stéphane Travert s’est fait légèrement chahuté par des éleveurs insatisfaits de ses réponses concernant l’impact de la sécheresse. Le ministre est arrivé sur le salon dès l’aube, peu après 7h30, pour un rendez-vous avez les représentants syndicaux régionaux. Avant qu’il n’entame sa visite proprement dite, le ministre a été interpellé par une vingtaine d’éleveurs de la FRSEA et JA d’Auvergne-Rhône-Alpes, revêtant des t-shirts rouges « Éleveurs en colère ». Estimant ne pas être entendus par les pouvoirs publics, et ne croyant pas aux effets positifs à venir de la loi Alimentation votée définitivement le 2 octobre dernier, ils lui ont symboliquement offert un coton-tige géant et un « pipeau d’or ».

Quelques minutes plus tôt, devant la presse, le ministre a assuré « tout son soutien » aux éleveurs touchés par la sécheresse et sa « pleine mobilisation » sur ce dossier, « depuis début juillet ». Stéphane Travert a demandé aux préfets une « remontée définitive des données le 12 octobre ». « Ce bilan nous permettra au final de déclencher les soutiens nécessaires aux exploitations en difficulté. » Avant de rappeler des annonces déjà faites, notamment « l’obtention par la Commission européenne de la possibilité de faire pâturer les jachères ou de les faucher, et d’une hausse de 20 points du niveau d’avances des aides Pac qui seront versées le 16 octobre prochain ».

Avec les syndicats, il a été largement question du blocage des négociations entre acteurs de l’interprofession bovine pour définir les indicateurs de coûts de production, comme l’exige la loi Alimentation. « Tant que les négociations ne sont pas terminées, on ne peut pas parler d’échec. Nous avons demandé aux interprofessions de saisir, si nécessaire, le médiateur des relations agricoles, de manière à trouver un accord. Tous les acteurs doivent se mettent d’accord », insiste le ministre.

« Soit les éleveurs sont soutenus, soit ils enverront des animaux à l’abattoir »

Mais, tant sur le soutien de l’État face à la sécheresse que sur les conséquences prétendument positives des dispositions de la loi Alimentation, les éleveurs et leurs représentants ont affichés leur déception. « On aurait voulu que le ministre nous dise qu’il va abonder le fonds des calamités agricoles, a réagi Bruno Dufayet, président de la FNB. On peut comprendre qu’ils aient besoin des données objectives. Mais, nous, sur le terrain, nous connaissons la situation ! »

« Nous n’avons pas eu de réponses dignes de ce nom. Ils ne comprennent pas que la situation est catastrophique dans les élevages. Il faut un plan Orsec pour les agriculteurs », a renchéri Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA et éleveur cantalien, faisant référence au célèbre programme d’organisation des secours en cas de catastrophe.

« Sur les exonérations de TFNB, les services départementaux ne sont au courant de rien. Et les DDT traînent des pieds sur le dossier des calamités agricoles. » Et l’éleveur de craindre une décapitalisation importante du cheptel allaitant dans les régions touchées par la sécheresse. Ce que le ministre ne comprend pas, c’est que les éleveurs vont très vite trancher : soit ils ont un soutien fort de l’État à travers un plan Orsec agricole, soit ils enverront des animaux à l’abattoir. »

Quant à la fixation d’indicateurs interprofessionnels, « on savait qu’il fallait un plan B parce qu’on prévoyait cette situation de blocage », analyse Bruno Dufayet. Ils n’ont pas voulu renforcer le rôle de l’observatoire et le Gouvernement n’a pas de plan B », constate-t-il amèrement.