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Sécheresse 2018

La moindre économie de fourrage compte : plusieurs pistes existent


TNC le 17/10/2018 à 05:57
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La conjoncture économique n’était déjà pas favorable aux éleveurs mais voilà que l’année 2018 fut marquée d’aléas climatiques en tout genre : printemps trop pluvieux suivi d’un été trop sec et chaud. Beaucoup ont dû puiser dans les réserves de stocks et risquent de manquer de fourrages pour l’hiver qui approche. L’heure est à la réflexion : « comment économiser de l’aliment ? ». L’institut de l’élevage aborde toutes les pistes possibles.

Trop de précipitations au printemps, pas assez en été : voilà le résumé de cette année. Pour ne rien arranger, l’étude Climalait de l’Idele semble indiquer que cette combinaison pourrait devenir de plus en plus fréquente dans les années à venir. Pour y faire face et ne plus manquer de fourrages, l’institut de l’élevage aborde les quelques pistes d’adaptation possibles.

La #sécheresse selon les moisJuin : cool on va faire du foinJuillet : normal, il pleuvra bien un jourAoût : ??mes maïs dessèchentSeptembre : c’est long mais ça peut encore venirOctobre : là c’est vraiment très préoccupant voire catastrophique pic.twitter.com/NDraIusxKe

— Antoine Thibault (@AgriSkippy) 4 octobre 2018

Ajuster les effectifs sans décapitaliser

L’Idele explique : « L’ajustement des effectifs est un levier efficace pour réduire les besoins fourragers de l’exploitation en période de sécheresse. Sans décapitaliser inconsidérément afin de conserver le potentiel de production de l’exploitation, des règles claires doivent guider les éleveurs dans leur stratégie. » Pour cela, deux voies sont à privilégier :

– À court terme, réformer et limiter les finitions : on parle ici de vaches improductives ou à cellules qui pénalisent le prix du lait et qui coûtent très cher. La vente immédiate des réformes évite également qu’elles ne consomment du fourrage et permet de dégager un peu de trésorerie. Le tarissement peut être allongé pour réduire les consommations : l’idéal est de viser 8 semaines pour que la mamelle se repose suffisamment.

– À moyen terme, adapter le nombre de génisses élevées en vue du renouvellement : il est conseillé de vêler 5 à 6 génisses pour 100 000 litres de lait produit pour un renouvellement minimum. Il faudra alors ajuster l’effectif des génisses de plus de 14 mois. L’idele rappelle quelques chiffres : 500 à 600 € de charges opérationnelles/génisse élevée avec une consommation de 5,2 tonnes MS de fourrage (1 t MS de 0 à 1 an, 3,2 t MS de 1 à 2 ans et 1 t MS de 2 ans au vêlage).

Penser aux coproduits et calculer leur intérêt économique

Les coproduits représentaient un volume de plus de 12 millions de tonnes MS toutes filières confondues en 2015. Ils peuvent combler les déficits et parfois à moindre frais. Pour cela, il faut d’abord définir sa place dans la ration : est-ce qu’il s’agira d’une solution de dépannage ou d’une utilisation régulière ? Il faut aussi prendre en compte leur valeurs alimentaires : le lactosérum est par exemple connu pour ses qualités énergétiques et peut remplacer un aliment énergétique de la ration, les drèches et tourteaux sont quant à eux riches en énergie et en azote. Pour le vérifier, il est conseillé d’analyser les coproduits pour caler au mieux la ration. Feedipedia est d’ailleurs un bon outil en ligne pour obtenir quelques informations nutritionnelles sur les coproduits.

Attention cependant, il est important de s’attarder sur l’intérêt économique des coproduits : tous ne valent pas forcément le coût !

De la paille dans la ration : oui mais…

Encombrante mais peu digestible, la paille peut être intégrée à la ration des animaux aux besoins modérés (génisses de plus de 15 mois ou vaches allaitantes avant le 8e mois de gestation) à condition qu’elle soit bien complémentée. Le tableau ci-dessous donne un ordre d’idée des valeurs nutritives de la paille :

Il faut prêter une attention particulière à la paille distribuée : les conditions humides du printemps ont été favorables au développement des moisissures. Pour améliorer sa digestibilité, il conviendra d’apporter de l’azote soluble et les glucides rapidement fermentescibles qui font défaut (aliment liquide, concentrés azotés ou coproduits tels que le corn gluten feed ou les drèches). Attention à ne pas négliger l’apport minéral et vitaminique. Lorsque l’apport de concentré dépasse 3 kg/j/animal, il est indispensable de le fractionner.

Voici quelques exemples de rations à base de paille de céréales :

Pour des vaches après le sevrage, il faudra compléter avec 1,5 à 2 kg de concentrés ou avec un aliment liquide sachant que sa mise en œuvre est exigeante en travail. La paille seule ne permet pas de maintenir les vaches en état. Pour des vaches suitées, il convient d’ajouter 2 kg de concentrés aux préconisations indiquées pour éviter leur tarissement. Concernant les génisses de 1 à 2 ans, même si la paille fortement complémentée peut être une solution, une distribution de foin complété par 1 kg de concentré/jour est à préférer pour assurer une croissance minimale de 400 g/j.

Pour des jeunes bovins en engraissement, la paille a pour but d’apporter un support fibreux nécessaire au bon fonctionnement du rumen qui se verra recevoir des concentrés en quantité importante (+ de 50 % de la MS ingérée). La paille doit être distribuée à volonté et en brins longs et l’apport de concentrés doit être fractionné.

Du pâturage hivernal pour les bovins allaitants

Les quelques millimètres tombés récemment dans certaines régions suffiront-ils à faire repartir la végétation ? Cela reste à voir ! Pour l’hiver, si le temps sec persiste et que les conditions de portance sont réunies, on pourra envisager une conduite en pâturage hivernal d’une partie du troupeau complémenté ou non, notamment pour des bovins allaitants.

Même s’ils doivent être complémentés, les bovins conduits à l’extérieur l’hiver permettent une économie de paille et libèrent des places en bâtiment. Il faudra alors se tourner vers un chargement peu élevé pour ne pas affecter la repousse du printemps ou au contraire sacrifier une parcelle pour qu’elle serve de parking.